J'aime vraiment beaucoup Gaspar Noé, j'ai l'impression qu'il fait des films de plus en plus foisonnants, où il se passe de plus en plus de choses, qui veulent dire de plus en plus de choses et qui visuellement osent de plus en plus de choses (bien que l'expérimentation visuelle il en ait toujours fait).
Et là en voyant ce Lux Æterna je me suis retrouvé un peu comme devant Enter the void, je ne sais pas quoi en penser. C'était horrible, mais c'était vraiment bien également... Disons que j'ai l'habitude que Noé essaye de nous torturer en mettant à l'épreuve notre sens moral (on abat un cheval, un tue des enfants, on viole une femme...) mais là on est clairement de la torture physique avec cette fin qui achèverait n'importe quel épileptique. Je me demande même comment ça a pu être montré au cinéma parce que c'est beau, mais difficilement supportable, j'ai fini par détourner le regard de temps en temps pour ne pas me sentir mal.
Mais cette petite précision sur l'abus de flash lumineux, je dois dire que j'ai vraiment adoré cette plongée en enfer. Bon déjà la discussion au début entre Charlotte Gainsbourg et Béatrice Dalle c'est du pain béni, ça aurait pu durer tout le film comme ça j'aurais été au paradis. La discussion semble tellement naturelle, on sent que Dalle est excentrique par nature tandis que Gainsbourg est plus timide et réservée et puis les anecdotes qui sont balancées... j'espère que Noé nous a ici régalé de vraies infos croustillantes !
Et ce qui est excellent dans cette séquence, en plus de ce qui est raconté, c'est la mise en scène. Noé s'amuse avec le split screen ce qui fait qu'on a un peu le champ et le contre champ en même temps à l'écran, le tout en gardant une certaine mobilité de mouvement de caméra sur chaque personnage, ce qui n'aurait pas été le cas avec un simple plan sur les deux qui discutent. Vu que le film commence par ça on sent directement que Noé va nous en mettre plein la gueule avec les effets visuels et ça ne rate pas.
Mais ce qui est délicieux c'est de voir tout ce beau tournage partir totalement en couille, le fait que tout le monde soit mal à l'aise, frustré, hystérique, inquiet... que rien n'aille pour aucun personnage, ce qui renforce l'impression de malaise ambiant... Comme si ce plateau était l'enfer sur terre.
Je me demande à quel point il parle de ses propres tournages. Mais ce qui est sûr c'est que Lux Æterna est une expérience sensorielle absolument fascinante devant laquelle on reste scotché (aussi pénible qu'elle puisse être). Et j'aime bien ça, sentir le chaos, voir tout qui dégénère totalement...
On pourrait reprocher les citations de réalisateurs qui parsèment le film et qui sont signées uniquement du prénom... faut deviner qui est qui. Je ne sais pas si ça apporte grand chose, mais j'ai trouvé que ça collait bien avec le style de Noé. Tous les films et bouquins présent dans l'intro de Climax ce n'était pas non plus subtil pour un sous, on ne regarde pas Noé pour la subtilité, mais pour se prendre une claque.
Et claque il y a eu.