De Gaspar Noé, je n’ai vu qu’un film : Enter te void. Je n’ai jamais eu le courage d’affronter Irréversible ni Seul contre tous. Mais déjà Enter the void a été une claque et suffit à me convaincre que Noé est un réalisateur comme nul autre. Lux Æterna, malgré son format court (51 min), ne fait que le confirmer.
L’entrée en matière est curieuse, malaisante et poussive. Béatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg, dans leur propre rôle, parlent de bûcher et de sorcières. La suite n’est que bruit et fureur. Miroir déformant d’un cinéma chaotique qui n’est pas sans me renvoyer à Nonfilm dans une continuité involontaire. Des scènes sont montrées en parallèle, la compréhension est quasi impossible. Me voici pris dans un tourbillon désagréable. Et c’est oublier mon expérience d’Enter the Void. Car à la manière d’un Lynch, Noé est un réalisateur viscéral. Il faut se laisser porter, arrêter de lutter contre le courant, aussi violent soit-il.
Et les dix dernières minutes me voici scotché devant un final brouillant tous les sens, mélangeant la fascination à la douleur. Un moment de grâce urticant.
Et cela s’arrête enfin.
Je me couche, un goût de cendre dans la bouche.
Et je me réveille. Le feu couvait sous les cendres d’un sommeil précaire. Une reprise de flamme sous forme de lucidité. Le film est véritablement un brûlot. Je me rends compte que les deux femmes du film, Béatrice et Charlotte, sont bien mises au bûcher. Pas à la manière de l’Inquisition, avec des bûches et des flammes, non, métaphoriquement, insidieusement. Béatrice, qui se lance dans la réalisation, est victime du bûcher des vanités, essentiellement masculines, assurément mesquines. Elle se fait consumer par l’ignorance et la condescendance. Le bruit et la fureur n’en étaient que le crépitement. Charlotte, elle, se retrouve cramée par la lumière, ne fait plus qu’un avec elle, une danse de Saint-Guy épileptique.
Et je me rendors. Satisfait.