Noé c'est décidément tellement un cinéma qui me parle
Dès la première partie, avec la discussion croustillante entre charlotte Gainsbourg et Béatrice Dalle on sent qu'on va vivre un grand moment de cinéma. On y est, Noé arrive à créer des scènes qui ressemblent souvent à du documentaire et qui puent le vrai, le crédible. Les dialogues ne sont jamais écrits et c'est ça qui rend le tout tellement beau. On cherche juste à capter le vrai dans ce qu'il a de plus touchant / drôle / naturel. On sent bien les personnalités de chacune des deux actrices. Beatrice dalle est exubérante, parle d'une voix discontinue, arrive toujours à raconter sa vie avec son franc parler alors qu'en face charlotte est beaucoup plus réservée, semble presque effacée dans la discussion. Les deux actrices se jouent elles-mêmes ! Comment ne pas être au summum du jeu d'acteur lorsqu'on n'a rien à feindre.
Et la suite n'est que du délice. L'atmosphère est étouffante, on subit comme les personnages. A la fin du film je n'avais qu'une envie, le relancer tant le nombre de détails, d'éléments foisonnent. Parfois c'est peut-être trop je le concède (surtout avec le splitscreen qui amplifie cette impression). On est embarqué dans ce tournage apocalyptique où tourne au choas, les hommes étant incapables de s'organiser sans hiérarchie. Je pense qu'il doit (même s'il dit que non en interview) raconter sa propre histoire parfois où il a dû se sentir dépasser par des acteurs, des producteurs, des opérateurs en chef trop présents. C'est au moins sûr qu'il doit le tirer d'une expérience vécue.
Bon la fin évidemment est difficilement soutenable, on est sincèrement obligé de détourne le regard tant l'image est agressive (néons de toutes les couleurs qui clignotent) et je ne conseillerais jamais à mon ami épileptique de se lancer dans cette douloureuse aventure. mais là encore, c'est au service d'une esthétique qui recherche loin.
Et ce film ne dure que 50 minutes. C'est l'un de mes regrets au final. j'avais envie que cela continue, d'aller encore plus loin dans la schizophrénie, expérimenter encore davantage. Mais ça ne devait être qu'un court métrage de 15 minutes initialement, d'ailleurs cela se voit à certains moments. Vous ne les sentirez pas passer en tout cas.
Alors oui parfois cela manque de subtilité, de moment de répits, mais ce n'est pas le genre de la maison. On veut en prendre la gueule, voir. Et on voit. Beaucoup.
Ce cinéma de la catastrophe, presque de la tragédie grecque est une thématique qui revient beaucoup dans son cinéma, et cela est peu étonnant quand on regarde ses films préférés. C'est exactement là qu'il veut nous emmener toujours (Enter the void, irreversible, carne, seul contre tous) et toujours emprunt d'un certain nihilisme. Les personnages sont toujours condamnés et c'est ce qui nous plaît. C'est vieux comme Sophocle, pourtant toujours aussi bon et c'est sûrement pour ça que je m'y reconnais.
Puis l'esthétique de certaines images...
Merci pour les travaux Noé