M.A.S.H. par Gérard Rocher La Fête de l'Art

M.A.S.H. signifie : "Mobil Army Surgical Hospital". C'est dans ce genre de cantonnement basé en Corée et en pleine guerre ,dans les années cinquante, que vont débarquer de manière pour le moins impromptue trois jeunes soldats aux surnoms de: "Hawkeye", Trapper John" et "Duke". Tous trois ont en commun d'être chirurgiens et antimilitaristes convaincus. Ils accomplissent tant bien que mal leur tâche en intervenant sur des corps disloqués, en amputant mais surtout en buvant, en faisant la fête et en draguant les femmes officiant dans l'hôpital. C'est ainsi qu'ils vont faire régner une jolie pagaille et mettre le camp en ébullition par leurs blagues et leurs frasques communicatives. Mettant à mal la discipline et le prestige de leurs supérieurs hiérarchiques, il vont donc participer à cette guerre atroce dans la joie et la bonne humeur.


Voici un joli pied de nez que Robert Altman adresse avec ironie à l'héroïsme et au patriotisme mis en exergue dans le cinéma américain en particulier. Sans cacher les effets dévastateurs de cette guerre, ou d'une autre, avec son lot de soldats ou de civils morts ou amputés, il nous dépeint avec cocasserie et humour noir ces trois jeunes qui sont le symbole de la joie de vivre. Ils remplissent leur mission mais vouent une haine féroce contre ces militaires, asservis aux ordres "d'en haut", dont le métier est de combattre de par le monde et avec avidité, quelqu'en soit la cause et les effets. Ils vont changer les habitudes strictes et routinières de ce détachement en rendant la tâche morbide de ces hommes et femmes moins pénible et moins traumatisante. Qu'importe les hélicoptères qui amènent à longueur de temps les victimes, qu'importe le sang que l'on éponge, qu'importe les viscères que l'on répare ou les membres que l'on supprime. Ici on plaisante, on boit, on drague, on fait l'amour, on joue au golf, au foot et l'on se fout de cette guerre qui s'ajoute aux autres et qui pour eux, ne fera pas avancer le monde. Pour les trois copains, les soldats sont des pions manoeuvrés par des officiers. C'est maintenant à leur tout de ridiculiser ces "stratèges" stupides et ridicules et d'en abuser.


Robert Altman nous emporte dans ce climat complètement surréaliste où la bêtise et les atrocités se mêlent à l'humour parfois très lourd de carabin . La désinvolture des trois jeunes fait plaisir à voir et à entendre. Ce film, pamphlet antimilitariste et anticonformiste nous adresse des instants forts et des répliques acides. Le "dernier repas" et la fausse mise en bière du dentiste du cantonnement se croyant devenu homosexuel, la scène d'amour torride entre Robert Duvall et Sally Kellerman ou la partie de foot quelque peu truquée, font partie des scènes, parmi bien d'autres, que l'on retiendra sans peine. Ce film est servi par une excellente interprétation. On se laisse séduire, malgré leurs vices, par nos trois "aimables" chirugiens: Donald Sutherland, Elliott Gould Tom Skerritt et également l'étonnante et craquante Sally Kellerman, dans le rôle de "l*èvres en feu*"... tout un programme. Le succès fut tel auprès de la critique et du public, qu'il inspira une série pour la télévision réalisée par Larry Gelbart. deux ans plus tard.


Cette oeuvre étonnante pour son époque, en plus d'être un contre-pied au film de guerre traditionnel, est un vibrant plaidoyer contre ces conflits qui avilissent ceux qui les provoquent, aidés en cela par leurs états-majors bornés et soumis. Au milieu de ce grabuge, ce film nous ventile un air de liberté. Qui s'en plaindra?


Ce film a obtenu la Palme d'or au Festival de Cannes et l'Oscar du meilleur scénario d'adaptation en 1970.

Grard-Rocher
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le 27 juin 2013

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