ça fait un moment que le film me guettait ; j'attendais juste le moment où je pourrai pleinement m'y offrir. Et ce moment arriva.
M le maudit est culte car il fait partie de ces films qui ont su innover, et qui se revoient systématiquement avec de nouveaux éléments à découvrir. Ici, ces éléments sont principalement techniques. N'oublions pas que le cinéma parlant, en Allemagne, en était à ses nobles balbutiements. Lang s'en empare et y teste tout un tas de trucs. « Comme M était mon premier film parlant, j’ai fait des expériences avec le son, qui n’étaient évidemment pas possibles dans le cinéma muet. » Petite réflexion sur la liberté de nos réalisateurs actuels.
Niveau technique, on se retrouve avec un réalisateur maître de son oeuvre et un spectateur désireux de le comprendre. Je ne fais pas d'études de cinéma, mais j'aimerai en faire pour découvrir toutes les subtilités qu'abritent M le maudit. D'un oeil de cinéphile lambda, le film témoigne d'une sacrée débrouillardise, de plans de génies pour son époque (rien qu'à voir toute l'intro) et de petites maladresses que seul le temps aura mis en lumière, ce qui ne rend la réalisation que plus humaine.
Niveau scénario, le film bénéficie d'un excellent rythme pour l'époque. Entre les démêlés de la police et des truands, le tout mené par un méchant magnifique incarné par un Peter Lorre dérangeant ; aussi monstrueux que pathétique ; dangereux mais chargé de faiblesse. Le film file jusqu'à sa grande scène du jugement, où la morale se veut habile, surtout dans une époque d'entre-deux guerres. J'ai trouvé d'ailleurs le plus grand trait de génie dans le fait de prendre un tueur d'enfant, soit tout ce qu'il y a de plus monstrueux, et à en défendre son statut d'humain.
Un film mérite d'être revu car il reste intemporel sur beaucoup de points. Mais surtout, Fritz Lang nous invite à aimer le cinéma.