Je n'avais pas recroisé M depuis très longtemps et surtout je ne l'avais vu que dans des copies dégueulasses et des versions tronquées. Alors découvrir ce montage "définitif" en version restaurée sur grand écran, quelle émotion, quelle claque !
Alors ok il y a le contexte historique, ce que Fritz Lang dit de l'Allemagne du début des années 30, en cela comme souvent le titre français est tout bonnement ridicule. Le titre original, "Une ville recherche un meurtrier", et le titre initial, "Les Assassins sont parmi nous", eux, décrivent parfaitement ce qu'était le projet de Lang, sa quête sans cesse renouvelée de scruter le bien et le mal.
Si un jour vous en avez l'occasion, intéressez-vous au casting au sens large, des acteurs à la production, en passant par la propre femme de Lang, Thea von Harbou, coscénariste et nazie convaincue, à tout ce qui a entouré ce film (Hitler admirait le génie autrichien), et vous vous apercevrez à quel point tout cela est plus nébuleux idéologiquement et politiquement que ce qu'on dit souvent à propos ce chef-d’œuvre.
Car oui là on peut employer ce terme bien souvent galvaudé, en terme de cinéma pur "M" en est un. Les scènes chocs s'enchaînent, les images (Bien entendu une lettre sur un manteau, mais que dire de ce ballon, des yeux exorbités de Peter Lorre...) qui impriment à jamais la rétine et le cerveau sont légion, les transitions entre scènes muettes et sonorisées, volontairement jusqu'à la saturation, provoquent un effet de sidération qui font basculer régulièrement le film dans le genre horrifique.
Le burlesque, le grand-guignol, les acteurs au jeu théâtral, le rapport à l'impressionnisme, le scénario, tout est folie et hystérie, au sens premier du terme, et je me garderai bien de décrypter la mise en scène, démente, hallucinante, tout qualificatif serait réducteur, car là il faudrait des heures pour en parler, et les "Jean Douchet" du site s'en sont certainement chargés avant moi.