Merveilleux monde où les larmes sans fin d'une peine d'amour rendent aveugles, où la grâce du chant ressuscitent à la fenêtre le cœur des amants. Ibu Mertuaku utilise la musique comme un couteau à trancher les styles, on passe de Cosi Fan Tutte - début du film très comédie de mœurs avec deux couples - à Œdipe - mais sans meurtre ni inceste, douceur du climat oblige? - en passant par un conte des Mille et Une Nuits. Le récit coule comme un torrent de montagne, intarissable, avec des ruptures de pentes et des moments de où il susurre comme une source. C'est en 1962 et même si Singapore n'avait pas obtenu politiquement son indépendance, ce film et son réalisateur l'avaient déjà obtenu dans l'âme. On est loin parfois du "beau style" à l'européenne mais la vitalité du récit est impressionnante et celle de son acteur, réalisateur et musicien tout autant.