Au tournant du XXIe siècle, après 4 films, dont le sublime Les amants du cercle polaire, Julio Medem était considéré comme le meilleur cinéaste espagnol juste derrière Almodovar. Mais depuis, la carrière du cinéaste basque est devenue pour le moins chaotique jusqu'à son ridicule huis-clos érotique Habitacion en Roma. Ma Ma a pour ambition de lui redonner une crédibilité artistique et populaire avec l'aide de sa coproductrice Penélope Cruz. Si la deuxième est possible, la première hélas ne l'est pas. Ce huitième film de Julio Medem n'est pas loin d'être son plus mauvais alors qu'il contient pourtant quelques unes des constantes de son cinéma : mysticisme, permanence des hasards et des coïncidences, bienveillance envers ses personnages. Medem n'est pas un cinéaste réaliste et c'est assez gênant quand il s'agit de traiter d'un sujet comme le cancer. Penélope rayonne dans ce mélodrame outré qui n'est qu'amour et élan vital certes mais dont la grossièreté des effets est surlignée par un symbolisme pas du tout adapté en la circonstance. Quand on a tant aimé Vacas, Tierra et Les amants du cercle polaire, Ma Ma est une vraie désillusion vis à vis d'un réalisateur pourtant talentueux mais dont la sensibilité exacerbée conduit vers des impasses narratives et stylistiques.