Contre toute attente, j'avais beaucoup aimé Dans Paris, le film qu'avait réalisé Christophe Honoré en 2006. Peu friand de ce type de cinéma d'auteur français, j'en était ressorti avec une étonnante satisfaction, malgré une seule chose véritablement fâcheuse à lui reprocher: son premier quart d'heure. Une longue introduction ampoulée, sur-écrite, sur-jouée et interminable, qui m'aura presque donné envie de zapper, ce que j'aurai franchement regretté par la suite. A ma grande horreur, Ma Mère, le film précédent du cinéaste, ressemble à ce prologue que je déteste tant, sauf que cette fois cela dure presque deux heures et qu'il faut y ajouter de la provocation de petit bourgeois en mal de sensation forte.
Adapté du roman inachevé de Georges Bataille, Ma Mère s'attarde donc sur la relation de plus en plus trouble entre un jeune homme mélancolique et sa mère volage, que la mort du paternel va rapprocher d'une façon plus que fusionnelle. Un point de départ prometteur et sulfureux, auquel s'ajoute un casting intéressant, mais qui ne va finalement donner qu'un pensum laid et chiant à mourir.
Impossible de s'attacher à ses tristes personnages, tant Christophe Honoré les rend détestables et têtes à claques, les filmant sans aucune passion ni émotion. Le regard se veut proche et charnel mais s'avère froid et clinique, si bien que l'on ne sait plus trop ce que le metteur en scène tente de nous dire, de nous faire ressentir à part un franc dégoût. Ce livrant pourtant corps et âmes dans des rôles extrêmement difficiles, les comédiens ne restent tout du long que des coquilles vides, déclamant un texte lourd et peu naturel.
Poseur et plus gênant que réellement sulfureux, Ma Mère laisserait presque indifférent s'il ne s'acharnait pas autant à jouer la carte d'une provocation de cour de récrée, balançant du cul plat et de la chair fade jusqu'à un final d'un ridicule presque surnaturel. Et ne comptez pas sur la mise en scène pour rattraper le tout, Honoré illustrant son propos dans une forme crade et bancale, tout simplement hideuse.
S'il y avait de l'idée, Christophe Honoré s'est planté dans les grandes largeurs sur ce coup, Ma Mère essuyant d'ailleurs à sa sortie une pluie de critiques assassines.