Un jeune homme qui désespère de trouver du travail se rend dans l’Ouest dans l’espoir d’en trouver.
Les trajets dans n’importe quel véhicule ont toujours été source d’inspiration pour Keaton. Là il réussit à tirer une scène burlesque invraisemblable d’un voyage en train qu’il passe assis clandestinement au milieu de tonneaux de pommes de terre.. ça tourne au chaos et ça se finit hors du wagon !
Arrivé dans l’Ouest le jeune homme trouve à s’embaucher dans un ranch et bien sûr n’y connaît rien, mais alors là ce qui s’appelle vraiment rien de rien ! Envoyé traire une vache, il place un seau sous la bête et attend que le lait coule tout seul… Go West nous montre Keaton dans toutes les activités qu’un homme peut être amené à faire dans un ranch : marquer une bête, monter sur un cheval, attraper une bête au lasso, etc. Keaton qui était quelqu’un de très intelligent, et de très adroit excelle dans ses films à se faire passer pour un demeuré complètement maladroit et un véritable monsieur catastrophe ! C’est ce qu’il fait ici à travers ces activités.
Et voilà que dans ce ranch, il se lie d’amitié avec une vache unique entre toutes ! Il faut dire qu’il lui doit d’avoir la vie sauve ! La scène est comique et très bien réalisée. A partir de cet instant le films se centre sur le rapport de Keaton à sa vache. Celle-ci s’attache à lui au point de se comporter comme le meilleur ami de l’homme le suivant partout comme un chien.
Cette vache est une magnifique bête que Keaton avait appelé « Œil de velours », un nom tout à fait mérité. Keaton a donné un long récit haut en couleur du tournage avec elle. Il l’a dressée lui même. Il a si bien réussi que la vache s’est attachée à lui et cherchait même à grimper sur ses genoux quand il s’asseyait. Malheureusement après avoir déjà tourné plusieurs séquences avec elle, Œil de velours est tombée en chaleur, impossible de tirer quoi que ce soit d’elle ! Il fallait attendre 10 à 12 jours pour que ça lui passe !
Nous avions sur les bras une équipe de trente personnes, que nous devions payer et défrayer quotidiennement. Inutile de prendre un crayon pour calculer ce qu’allait coûter au film la libido bovine ! De quoi sombrer dans la consternation !
Nous avions sélectionné Œil-de-velours pour sa beauté exceptionnelle et son pelage très particulier. Elle avait déjà tourné trop de séquences pour qu’on puisse changer d’interprète. Je pris donc une décision humanitaire en ouvrant la porte de son enclos, de sorte qu’elle puisse élire un compagnon à sa convenance. Elle eut vite fait de se trouver un taureau avenant, mais ce taureau la snoba. C’était un mufle. (autobiographie de Keaton)
Après divers essais qui virèrent au fiasco, il fallut y renoncer et attendre qu’elle sorte de cette période…
Lorsque le producteur, Joe Schenck, fut mis au courant de nos mésaventures, il prononça une réflexion typique de financier après un dépassement de devis : « Ça, c’est tout Keaton ! S’il y a plusieurs manières de tourner le même film, il choisira la plus chère ! » (autobiographie de Keaton)
Peut-être… mais le résultat est à la hauteur des efforts déployés par Keaton. Go West est un film où l’on trouve peu des acrobaties habituelles de Keaton. C’est surtout le comique de situation qui est exploité et le rapport aux animaux qui est particulièrement développé. Cela donne lieu à des scènes complètement folles que ce soit au ranch puis ensuite en ville où le troupeau sème une belle pagaille ! Comme la séquence finale où Keaton habillé en diable rouge chevauche sa vache lancée au galop tandis que le reste du troupeau suit derrière au pas de charge !
Go West est l’un des meilleurs films de Keaton, une belle histoire d’amour entre un homme et une vache !
https://www.youtube.com/watch?v=iZ-7uqChLlY