100 minutes en l'air

Il est marrant le cinéma français avec près de 50 films sur les trentenaires qui sortent chaque année.
Moi j'ai rien contre au fond, je les ai presque mes trente ans. Mais à force d'en bouffer, je commence à voir où ces films veulent en venir : passer à l'âge adulte, faire le deuil de l'insousience absolue, tracer son propre chemin, trouver sa place auprès d'un ou d'une autre, tuer l'image du père, j'en passe.
Moi j'ai rien contre au fond, personnellement je galère encore pas mal mais j'apprends vite. Et j'apprends parce que ces films sous couvert de comédie pépère construisent en fait une quête initiatique intéressante et tout, et les protagonistes sont la plupart du temps mis face à des choix pas pépère du tout, et ils en tirent des leçons formatrices et du coup, par transfert, moi aussi un peu (mais alors un tout petit peu).
Mais voilà, avec Ma Vie En L'Air le constat est accablant : le héros, trentenaire (cela va de soit), rencontre une nana trop cool, trentenaire (paske dans ces films, les trentenaires ils font des trucs qu'entre eux) (c'est une caste, t'as vu), et du coup il est grave amoureux (alors que juste avant il était grave paumé). Mais il retombe par hasard sur son amour de jeunesse qu'il avait toujours un peu regretté et alors il se met à hésiter (mais genre grave, et tout).
Moi j'ai rien contre au fond, le choix est quand même draconien quand on y pense et j'avoue être assez curieux de nature (j'ai regardé Cannibal Holocaust, c'est dire !). Ouais mais là, Rémi Bezançon le réal', il lui reste que vingt minutes de bobines et les producteurs ils lui ont dit que son film devait se finir bien. Et puis comme l'un des producteurs couchait avec une psychotérapeute pendant qu'il relisait le script, on lui a dit à Rémi que le héros devait choisir la nouvelle nana paske ça symbolisait le passage à l'âge adulte, le deuil de l'enfance, tous ces trucs dont on parle dans les films français sur les trentenaires.
Ouais mais 20 minutes quoi...
Alors le producteur il lui a dit de pas s'en faire, l'amour de jeunesse c'est une vraie garce. Du coup, le héros choisira forcément la nouvelle.
Quête initiatique, mon cul. Au fond ça m'a bien fait chier tout de même.