La comédie musicale hollywoodienne se dresse régulièrement des autels à travers la biographie romancée de ses grands hommes (Ziegfeld en particulier). "Ma vie est une chanson" est un peu différent car l’hommage à Lorenz Hart bute sur l’homosexualité de celui-ci. On explique sa solitude uniquement par sa taille et sa laideur, on maquille ses virées solitaires (des prostituées ou l’alcool). Mais la relation amicale avec son collègue Richard Rodgers - narrateur, vrai personnage principal - est très joliment rendue. La direction artistique sublime fait le reste, c’est l’immense Charles Rosher qui est à l’image, les chansons ont le côté enlevé des airs populaires des années 30 (juste après, Rodgers se casera avec Hammerstein et ils commenceront par Oklahoma, plutôt très mauvais). Le numéro musical de Gene Kelly (cabaret et mauvais garçons) a été pillé par "Tous en scène". Et les retrouvailles entre Mickey Rooney et Judy Garland font la plus belle scène du film, les corps se croisent, se touchent, s’encastrent ingénument, simplement, dans une complicité merveilleuse. Pour le reste, tout le soin de la mise en scène passe par la chorégraphie, la caméra se contentant d’aller et venir de loin / de près, mais avec des mouvements de grue impressionnants - même si répétitifs.