Il faut croire qu'on a suffisamment aimé Citizen Kane pour qu'on ai eu envie de se mater un autre film d'Orson Welles. D'où ce Macbeth de 1948 assez décrié par la critique à l'époque mais réhabilité par l'histroie.
Si j'ai vu/lu pas mal de pièce de Shakespeare, Macbeth n'en faisait pas parti, du coup, ça me permettait de me cultiver un peu, même si, je me demande si j'aurais préféré en voir une adaptation plus "téléfilm" et moins théâtrale que celle-ci. Notamment quand elle prend en compte le fait que vous sachiez déjà une chose qui n'est jamais expliqué dans la pièce.
A savoir que Banquo est l'un des ancêtres de la lignée des Stuart, qui régnaient en Angleterre à l'époque de Shakespeare.
Ce qui est drôle, c'est que j'ai compris des titres d'épisodes de Star Trek et de Doctor Who en voyant le fim (Dagger of the Mind / "Sleep no more") et le jeu de mot d'un roman de Terry Pratchett ("The Wyrd Sisters") ce qui est déjà ça.
Car disons le tout de go : Orson Welles prend le parti du théâtre filmé. C'est un genre qui a ses avantages et ses inconvénients mais qui offre un certain rigorisme dans l'action. Les décors sont volontairement en carton pâte, et la scénographie (autant carrément utiliser le mot de "scénographie" tant les décors sont volontairement peu variés) prend position pour une mise en scène austère avec des plaines couvertes de brouillard et un style volontairement irréaliste sur certains détails.
Le pire, c'est je pense les couronnes : on aime ou on aime pas. Perso, j'ai trouvé ça assez hideux, notamment celle qui fait ressembler Macbeth à la statue de la liberté. C'est d'autant plus bizarre que les costumes semblent être d'époque. (Quoique le casque porté par Macbeth au début du film à fait croire à ma copine que ça se passait en russie.)
On sent aussi qu'Orson Welles a repris l'esthétique de l'expressionisme allemand afin de manifier son histoire de dirigeant atteint de la folie des grandeurs (une thématique assez habituelle chez Welles) avec pas mal de cadrages et d'éclairages assez beau mais qui renforce aussi l'austérité du film et son marquage dans le temps ("Tiens, un film d'avant guerre.")
A l'époque, les critiques avaient reprochés à Welles d'avoir fait parler ses acteurs avec un accent écossais à couper au couteau... et même moi j'avoue avoir trouvé ça drôle tout ces roulements de "rrr" très audible. Après, Orson Welles est impeccable (mais pas vraiment en difficulté, c'est du Welles) et sa Lady Macbeth, Jeannette Nolan est niquelle, jouant à la fois l'intrigante tentatrice et la folle dans la dernière partie du film. L'idée de changer les monologues par des voix off est compréhensible mais sonne un peu étrange.
Du coup, si le film se regarde, je l'ai trouvé un peu pesant par moment et je crois avoir décroché une ou deux fois. Et c'était peut-être pas la meilleure adaptation pour connaitre la pièce.