La sortie en Blu-Ray de Macho Callahan nous permet de (re)découvrir un western atypique et étrange bien ancré dans le style de l'époque. Sorti en 1970, ce film de Bernard L. Kowalski est en effet de par sa violence et son cynisme un digne représentant du « western crépusculaire ».


Durant les années 1960, le western américain se transforma peu à peu suite au lent déclin du genre classique pour épouser une forme plus réaliste et contestataire : le « western crépusculaire ». Bénéficiant de l'abrogation du Code Hays (qui exerçait une censure morale sur les films hollywoodiens) en 1966 qui permit l'affichage d'une violence outrancière, le genre s'inséra dans le sillon creusé par les cousins italiens avec ses anti-héros ambigus et violents, et par son absence de morale. Représenté par Clint Eastwood et Sam Peckinpah notamment, le genre accoucha d'œuvres mémorables (John McCabe, La Horde sauvage, Josey Wales...) et rien qu'en 1970 sortaient des classiques comme Little Big Man, Un nommé Cable Hogue ou encore Soldat bleu qui déconstruisaient le mythe de l'Ouest américain. Cette même année Bernard L. Kowalski sortait son premier et unique western Macho Callahan après avoir déjà bien œuvré dans le genre, mais à la télévision, avec les séries mythiques Gunsmoke et Rawhide. Même si ce Macho Callahan n'est pas des plus renommés, il reste une véritable curiosité, un film étrange nous faisant suivre les traces d'un fugitif alcoolique et violeur n'hésitant pas à déclencher un duel dérisoire pour une bouteille de champagne... Un rôle qui échoit à David Janssen, alias Richard Kimble star de la série TV Le Fugitif, qui une nouvelle fois se retrouve chassé et traqué, mais à raison cette fois-ci !


CRY MACHO


Habitué aux seconds rôles, Janssen se voit ici offrir un de ses premiers grands rôles avec ce personnage, ô combien ingrat, de brute épaisse qui finira par dévoiler ses faiblesses face à une Jean Seberg atteinte du syndrome de Stockholm... L'ex égérie de la Nouvelle Vague, alors dans le viseur du FBI pour sa proximité avec les Black Panthers, livre une surprenante composition de veuve vengeresse. Le reste du casting impressionne entre un Lee J. Cobb troublant et vicieux à souhait, un Bo Hopkins endossant de nouveau le costume du chasseur de primes comme dans La Horde sauvage, un David Carradine en début de carrière, un Matt Clark incroyable en geôlier répugnant et sadique...
Si on pourra au final rester sur notre faim à propos de cette étrange histoire d'amour, qui démarre par un viol brutal et choquant, entre une veuve et l'assassin de son mari sur fond de cavale, c'est en partie à cause des promesses entrevues lors d'une ouverture exceptionnelle. Une première séquence d'une quinzaine de minutes qui nous fait naviguer au sein d'une prison militaire sudiste qui va s'enflammer lors d'une mutinerie mémorable où la maestria de la réalisation de Kowalski fait mouche pour faire grimper la tension jusqu'à l'évasion sanglante de Macho.


Bien aidé par la sublime photographie de Gerry Fisher, complice fétiche de Joseph Losey, qui rend parfaitement hommage au paysages mexicains où furent tournés le film, ce Macho Callahan ne parvient malheureusement pas à tenir le rythme. Il s'agit toutefois d'un western hautement recommandable qui par son atmosphère très particulière, ses acteurs impliqués, sa fin désenchantée et sa première partie quasi-parfaite, ravira les amateurs du genre.


(Retrouvez l'évaluation de la partie technique de l'édition Blu Ray-dvd de SIDONIS par ici : http://www.regard-critique.fr/rdvd/critique.php?ID=6785 )

SB17
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le 15 mars 2022

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