Pilier majeur au sein d'une licence majeure, le film Macross brille d'une aura unique, et il me vient cette envie de le présenter et de le promouvoir. Mais ce n'est pas une tâche si aisée, étant donné ses qualités pour le moins inhabituelles.
Si, de loin, Macross apparaît comme une série SF parmi d'autres des années 80, avec ses mechas convertibles et son cadre spatial, on se rend rapidement compte de son originalité fondamentale dès lors qu'on se penche un peu dessus. N'empruntant ni la voie des conflits spatio-politiques ni celle d'un post-apocalyptique badant, Macross adopte un ton étonnamment léger, porté avant tout par son aspect musical. La chanson pop est au cœur du récit, accompagnant le film via sa bande-son mais également à travers le personnage de Minmay, l'idol populaire et véritable vedette du film. C'est ainsi que l'histoire sera narrée au fil des romances de son jeune héros (qui auront peut-être l'inconvénient d'aller un peu trop vite). L'occasion notamment de s'imprégner de l'ambiance à bord du Macross, très active, grouillant de vie et de couleurs, reflet d'un Japon prospère tel que dépeint dans d'autres dessins animés de l'époque.
Toutefois, par un équilibre entre les non-dits et les énoncés plus explicites, le contexte et les enjeux de ce monde sont omniprésents. C'est le grand récit tragique d'une humanité forcée hors de sa Terre natale, vagabondant dans l'espace à bord de son vaisseau-forteresse dans l'espoir lointain de revenir à ses racines. Macross, à l'image de grandes sagas littéraires, sait raconter au fil de ses péripéties et découvertes de nouveaux lieux l'histoire de son univers, retraçant même ses origines. C'est passionnant, bien ficelé et il s'en dégage une certaine mélancolie des temps anciens, là où les évolutions et les conflits trouvent leurs sources.
Les peuples antagonistes constituent l'une des grandes réussites du scénario, de par ce qu'ils symbolisent vis-à-vis des thèmes abordés. Il me semble bon de découvrir cela par soi-même, aussi la partie spoiler se destinera évidemment à ceux qui connaissent le film.
Ces nations militaires, ayant séparé les deux genres il y a bien longtemps et oublié leur humanité passée, synonyme de culture, d'enrichissement individuel et de relations chaleureuses, se posent en symboles d'une dérive de société vers un idéal du groupe déconnecté de l'humain.
La conclusion de Macross va au-delà de ce que l'on peut attendre d'une simple bataille finale, s'exécutant encore une fois avec une forte touche d'originalité et mettant en place le fin mot des thèmes de l'histoire.
Tout en gardant ce dosage constant entre la SF dure empreinte de fantasy et l'accent mis sur son triangle amoureux et sa musique pop, Macross se porte donc en représentant d'une science-fiction dont l'univers et le scénario s'attachent à servir un propos humaniste avant tout, n'oubliant jamais que dans l'immensité de l'espace, il y a surtout des gens qui vivent, et c'est une vision très optimiste qui est proposée ici. Pour avoir regardé Eureka 7 il y a quelques temps, je dirais qu'on y retrouve un feeling relativement proche, et même si ce dernier a un traitement un peu plus classique, il y a cette forte volonté de proposer un univers dont chaque élément converge vers une même idée d'amour et de paix, sans trop d'excès de naïveté, touchante en somme.
Tout comme Gunbuster avec qui il partage son character design, le film Macross incarne un style d'animation révolu et pourtant immortel. Les deux animes ne mentent pas sur leur âge mais jouissent dans le même temps d'une finesse technique et d'un savoir-faire à toute épreuve. Ils ont leurs petits éléments kitsch, mais ceux-ci, pris dans la spirale de leurs qualités, en construisent le charme, celui d'icônes vintage attachantes, universelles et indémodables. Un pan de culture à ne pas manquer.