Une chose me frappa lorsque je vis pour la première fois ce parcours sur la route de la fureur, voire même de la démence : certaines incohérences possibles et probables quant à l’univers technique sur lequel portait notre regard. Un mélange d’archaïsme et de technologie (des plus efficaces), dénotant donc avec l’univers dans lequel nous vivons aujourd’hui. Dès lors, impossible pour le spectateur contemporain de voir dans ce Mad Max une forme de monde dystopique futur du point de vue de la mise en scène des techniques et technologies du moins. On se trouve alors plongé dans un autre monde, partageant certes un bon nombre de point commun avec le nôtre, mais ne pouvant être celui dans lequel on est dans une temporalité différente. Il vaut mieux y voir un monde uchronique plutôt que dystopique.
Cette distinction est néanmoins un détail, car l’intérêt du film réside dans sa mise en scène de la poursuite que Georges Miller donne à son œuvre. Les temps de pause sont très rares et relativement brefs. Le ton, ainsi que le rythme sont donnés par ce groupe de métal accompagnant les poursuivants et autres bourreaux, moteur d’une espèce de mise en marche de cette chasse à l’homme (ou plutôt aux femmes) qui ne cesse de prendre aux tripes, surtout lorsque, à de rares occasions, la guitare du musicien crache des flammes venus d’un enfer d’où ils sont en train de fouler le sol. Le souffle est le plus clair du temps retenu devant cette fresque d’une beauté sèche et chaude à la fois, corroborée par la folie ambiante des divers personnages évoluant à l’écran. L’impression que cette même aliénation n’est partagée que par les hommes reste malgré tout présente, et les femmes sont dépeintes comme des sages qui malgré tout ne savent pas grand-chose. Une clairvoyance de la folie des autres les traverse cependant, ce qui les rend à part. Ces mêmes femmes, parturientes de cette société si étrange, possèdent une aura bienveillante qui occupe une place au côté de leur force brute, leur donnant ainsi une puissance certaine.