In search of our better selves.
Le cinéma tient une très grande place dans ma vie, une passion plus qu'un passe-temps, qui s'est renforcée au fur et à mesure des années et de mes expériences. Chaque film visionné, chef-d'oeuvre ou purge, est venu apporté sa contribution dans l'affinage de mes goûts et de mon ressenti.
Certains films tiennent une place plus particulière encore dans mon coeur, car ils ont littéralement bouleversé ma vision du cinéma, l'émotion qu'il était possible d'en dégager, la parfaite osmose de tous les éléments constituant un long métrage, de la musique aux acteurs, en passant par le cadrage, le script et le montage.
"Mad Max : Fury Road" a marqué de son empreinte mon esprit, si bien qu'il me suffit d'entendre le rugissement du moteur lors de l'apparition du logo Warner Bros pour être emporté par mes souvenirs de ma première séance dans les salles obscures, qui ne s'altère à aucun de mes re-visionnages.
De ce film, je ne peux y voir qu'une perfection formelle et informelle, où chaque élément s'emboîte de manière organique pour créer une fluidité sans égal. On sent à la fois la rigueur de l'artisan et l'émotion de l'artiste, qui s'entremêlent sans jamais s'entrechoquer. Avec pour résultat un des meilleurs films jamais créés.
Loin de la théâtralité des scènes d'exposition dans beaucoup de films du genre, on se retrouve dans un univers où un regard, un geste, suffissent à exprimer l'état d'esprit de chacun. Les personnages nous paraissent vrais parce qu'ils ne cherchent pas à justifier leur présence à l'écran. Ils font partie de l'univers et y tiennent un rôle bien avant que la première image n'apparaisse.
Il ne nous est pas nécessaire de posséder un background étendu pour comprendre les tourments qui les assiègent ou les émotions qui les font aller de l'avant. La façon dont ils réagissent avec les autres et l'univers nous procure tout ce dont nous avons besoin, et nous fait simplement participer à leur grande course en avant vers un avenir meilleur. Chaque actrice et acteur se fondent dans leur personnage, y transmettent toute leur sensibilité et leur talent, au point d'en devenir méconnaissable. Tom Hardy est parfait dans ce rôle mutique parce que la force de son art se retrouve dans ses yeux et son regard, et sa démarche dangereuse et animale. Charlize Theron prouve une nouvelle fois tout son talent dans ce rôle de femme brisée et dangereuse, et qui pourtant conserve sans faille son humanité et son espoir d'un monde meilleur. Nicholas Hoult lui aussi se surpasse pour donner vie à ce zélote qui s'ouvre peu à peu au monde au-delà de lui-même. Tous les rôles sont joués avec tant de soin et mis en scène avec tant de personnalité et de détails que même quelques secondes suffisent à nous le rendre mémorable.
Les scènes d'action constituent un modèle du genre, aussi bien dans leur exécution que dans leur rythme. Une bonne scène d'action requiert une discipline semblable à la danse, où il ne suffit pas de bouger dans tous les sens, il faut un focus, une énergie particulière et une raison d'être, pour exprimer des émotions et surtout du sens. Une bonne scène d'action nécessite une respiration, et rarement ai-je perçu ce souffle autant que dans ce Fury Road. George Miller et Margaret Sixel sont parvenus à créer un film sans cesse en mouvement, tout en créant des poches de respiration, indispensables pour nous permettre d'absorber l'impact de ce qui se joue devant nos yeux.
Chaque moment reste un suspens, chaque mort un petit déchirement, chaque blessure une tension.
Le rythme, voilà ce qui rend un film immortel, qui nous fait y revenir sans cesse pour nous emmener dans son univers et son propos.
Du propos, il y en a d'ailleurs dans ce Mad Max. De l'assaut de la patriarchie à l'objectivation de la femme, de la lutte pour faire valoir son humanité à ceux qui souhaitent y apposer leur domination, de la solitude liée au traumatisme et de la déchirure de l'âme en proie aux remords pour les atrocités au nom de la survie, "Fury Road" n'est pas qu'un fracas de métal et de chair sous une chaleur brûlante dans un monde dévasté.
Une raison d'être, voilà peut-être ce qui manque à beaucoup de films en général. Au-delà de vouloir raconter une histoire, il y a la question qui ne se pose pas toujours assez souvent : pourquoi est-ce qu'il est nécessaire de raconter cette histoire ?
La question du sens et sa réponse, voilà ce qui différencie Mad Max de beaucoup de films Au-delà de l'aspect technique, il y a une raison qui pousse le réalisateur et ses acteurs à donner vie à cette histoire. Il en ressort une vie qui se dégage de chaque plan, chaque action, qui nous lie tout du long à ce périple pour la liberté et le pardon.
Il n'y a aucun gâchis dans ce film, aucun passage inutile, aucun moment qui ne sert qu'à meubler entre deux passage intéressants. Chaque élément possède son importance, parce que de-là tout découle l'enchaînement logique des événements, et donc l'aspect vraisemblable, et donc l'immersion et notre attachement émotionnel au spectacle qui se déroule sous nos yeux.
Le tout souligné par l'incroyable bande-son, à la fois immersive et mémorable quand on l'écoute hors-scène, elle enrobe cette incroyable fresque pour la mettre en valeur et la rendre simplement parfaite.
Je n'ai plus de mots, si ce n'est que "Mad Max : Fury Road" continuera durant de longues années encore de donner du sens à ma passion pour le cinéma, et dans ma quête du meilleur de nous-même.