70 ans au compteur, George Miller ressuscite avec brio un mythe du grand écran dans un ballet qui évite toutes les lueurs de déception, écrasant tout ce qui s'est fait dans le cinéma d'action ces quinze dernières années. Gigantesque course-poursuite de deux heures sautant de calmes aux tempêtes avec une fluidité exceptionnelle, Mad Max : Fury Road est une hallucination, un véritable objet cinématographique de fureur, de la contamination formelle par un héros nageant entre deux mondes, la culpabilité et la survie, tandis que le fond, modeste et efficace, n'hésite pas à démolir les attentes et broyer les fatalités. La collision des genres, l'affrontement des calibres, portés par la sublime et épique Charlize Theron, se révèlent facteurs déterminants d'une tentative consciente de révolution à toutes les échelles, la notion même de blockbuster totalement mise en pièces lorsque l'essence primaire du cinéma d'action remonte à nos narines, de la singularité salvatrice du dialogue à la maîtrise parfaite du mouvement. Et dès qu'arrivent les dernières images, ultime échange de regard sur les tambours battants de Junkie XL, tout est dit, ligne d'arrivée orgasmique au Valhalla du cinéma où la sueur de l'image fusionne avec les symboles. Au sein d'un tableau élémentaire, Mad Max : Fury Road multiplie les prouesses de mise en scène dans une aventure aussi folle qu'épurée, faite de tripes et de cœur, le charisme des protagonistes et la transcendance des codes forgeant un pur et intense moment de cinéma.
http://shawshank89.blogspot.fr/2015/05/critique-mad-max-fury-road.html