Ouhhhhh qu'elle est belle la hype autour de ce film ! Je ne pense pas être le seul a avoir été surpris du buzz engendré par le nouvel opus de Mad Max, 30ans après l'oubliable "Au-delà du dôme du Tonnerre", alors que l'annonce d'un nouvel opus ne poussait qu'à pester après le manque d'ambition d'un cinéma hollywoodien qui peine à se renouveler en matière de licences fortes. Eh bien ce Fury Road se la joue omelette en cassant les oeufs de tous les sceptiques qui ne croyaient pas en ce projet. Autant vous dire que j'ai mangé toute mon omelette et que j'aurais bien repris du rab'.
A l'instar de Gareth Evans qui a totalement dépoussiéré les films d'arts martiaux avec son/ses The Raid, George Miller fait de même avec les films d'action bourrins ! Et il le fait bien et sans prise de tête. Déjà il commence par évacuer la question du scénario. Il n'y en a pas, voilà, comme ça c'est réglé. Ensuite son héros, Mad Max, nous est introduit sommairement, on ne sait rien de lui, il parle peu et il ne prend même pas la peine de donner son nom à ses compagnons de route. Idéal pour s'éviter des dialogues à n'en plus finir sur d'obscures motivations ou des passés tourmentés dont le spectateur se fout royalement. Enfin, même si Max fait route avec de charmantes jeunes femmes, George Miller a le génie de ne même pas penser à esquisser le semblant d'un début de flirt ou d'histoire d'amour. Non, pas le temps pour toutes ces conneries. La route n'attend pas !
Mad Max : Fury Road c'est comme le 1er The Raid : on dégage tous les éléments qui nuisent au coeur du film; l'action. L'action, toujours l'action, rien que l'action. Sur les 120 minutes que durent le film, je pense que sans exagérer il n'y en a qu'un tiers qui n'est pas consacré aux explosions, aux cascades, aux fusillades ou aux cris de guerre quand ce n'est pas aux cris de guerre durant une cascade au coeur d'une fusillade menant à une explosion. D'autant plus que le show ne s'arrête pas là et quitte à faire un truc de bourrin décérébré, George Miller se lâche totalement et intègre des véhicules blindés surarmés, des fanatiques camés, des tempêtes de sable de la fin du monde et des guitaristes possédés sortis des enfers. Bordel mais c'est tellement la boucherie dans ce film !
Ca l'est même tellement qu'à la fin de la séance j'étais épuisé ! Déjà parce que ça ne s'arrête jamais mais également parce que j'en avais pris plein la vue. Au-delà des cascades impressionnantes, des effets spéciaux chiadés (la tempête), du design steampunk de l'ensemble des personnages et véhicules, ce Fury Road jouit d'une réalisation léchée et maîtrisée. Déjà, tout est parfaitement lisible et lorsqu'on intègre autant d'action à une oeuvre, c'est plus qu'appréciable. Ensuite la photo est très jolie et bien que durant les scènes de nuit on prenne pleinement conscience qu'il y ait en permanence des filtres, ces derniers tendent à rendre encore plus écrasant et aride le désert de Namibie qui a servi au tournage. C'est frappant lorsqu'on passe d'une scène de nuit à une scène de jour. La réalisation est donc irréprochable.
Mais d'ailleurs le film l'est-il, irréprochable ? Pour être honnête, j'ai envie de dire presque. Du moins il l'est si on le considère comme une entité dont la forme et le fond fusionnent pour satisfaire à tous les niveaux un public friand de sensations fortes. Au fond, les choses que je peux reprocher à cette entité testostéronée sont presque anecdotiques. Déjà, j'ai trouvé que le film aurait pu être beaucoup plus violent car beaucoup d'éléments ne sont que suggérés au spectateur. Ensuite je déplore que le génialissime guitariste du film n'exploite qu'un seul riff aussi limité. Enfin, le personnage de Max est en retrait et n'est pas le vrai héros du film puisque c'est une Charlize "Furiosa" Theron qui accapare toute l'attention. Mais elle est tellement méconnaissable et "burnée" qu'on comprendra aisément pourquoi Max lui laisse le champ libre pour exprimer toute sa fureur destructrice.
Voilà ce que j'ai à reprocher à ce film. C'est léger mais ça renforce l'idée qu'au fond il n'a pas beaucoup de faiblesses. J'aurais également pu parler du passé de Max qui est traité par dessus la jambe et qui n'aide pas à situer chronologiquement l'intrigue entre reboot et suite de la licence mais ça c'est à ranger du coté de l'argument "on est pas venu pour du blabla mais pour du BAHBAHBAHBAH [Ndr : bruit d'une mitraillette] il faut que ça pète". Je pense que là, tout est dit. Si vous voulez voir un film d'action grand spectacle maîtrisé du début à la fin sur un rythme infernal, alors foncez dans une salle obscure pour en profiter pleinement !
Du haut de ses 70ans, George Miller nous montre qu'on peut toujours réaliser de nos jours des films d'action ultra bourrin et sans prise de tête. Que le public n'a pas besoin de son quota de love story, de blague potache qui tombe à plat ou de scénario bancal pour apprécier un film qui n'a pas pour but premier d'en proposer. Un background original qui s’étoffe par touches subtiles , des têtes brulées, de la sueur et des idées de mise en scène déjantées suffisent au bonheur de spectateurs qui ne demandent rien d'autre. Et quand je vois ce reboot sorti de nulle part, je me prends à rêver qu'un réalisateur se décide à nous resortir avec autant de maestria un autre vrai bon gros action movie dans la veine de Predator, Demolition Man, Commando....ou Last Action Hero !