Sans grande surprise, Mad Max prend la première place de mon top de l'année, roulant littéralement sur ses concurrents avec une puissance qui manque aujourd'hui aux blockbuster. Malheureusement, deux points le séparent de la perfection, le début et la fin. Le début, qui jusqu'à l'amorçage de la trahison, patine, considérablement éventé par les bandes annonces (le premier trailer spoile toutes les premières minutes, sans le côté carcéral qui se profilait). Et voilà des flashs backs ignobles avec du numérique qui s'incrustent dans la pellicule. Glasp ! Heureusement, le film rassure assez vite, en plantant son décor à vitesse grand V, tellement vite d'ailleurs qu'on a à peine le temps de l'apprécier. Si Waterworld prenait le temps de montrer le fonctionnement de ses lieux, aussi bancal soit-il, Mad max fury road ne l'a pas, ce temps. Il veut tout de suite soulever la poussière et faire vrombir les moteurs qui attendaient depuis trente ans d'être rallumés. Alors la cité de pétrole et la poudre, les deux nerfs qui alimentaient directement Mad Max 2 (à croire que les punks ne se nourrissaient que de ces deux explosifs) sont vite balayés pour être remplacés par des étendards plus classiques et logiques : l'eau et les femmes. Une variation qui s'insère sans peine dans la logique tribale de Mad Max, qui sort très vite la grosse artillerie et nous balance au cœur de l'action moins de 20 minutes après les premières images. La course poursuite commence presque au début du film ! Et à partir de là, question rythme, c'est le galop. Le dernier film qui était parvenu à cette sensation d'apnée tant l'action est condensée, c'était the raid. Ici, l'accélérateur ne cesse d'être appuyé, avec une personnification des véhicules, des styles de combat, des petits détails léchés qui immergent bien et donnent de la crédibilité (les clapets anti-poussière, les dispositifs de sécurité, les armes thunées...). Même pour un seul plan, Mad Max trouve des concepts qui séduisent immédiatement (les habitants des marais se déplaçant en échasses), d'une générosité si sincère qu'elle fait office de grand bol d'air dans le monde du blockbuster.
Fury Road joue la carte de la jouissance. Il est une extension plus détaillée, plus soignée, plus raffinée de son ancêtre Mad Max 2, en prenant soin de lisser les détails (les gays cultes ont totalement disparus des rangs pourtant très masculins des warboys) et de mettre un peu plus de filles, entourant un max aux anges qui émettra quelques grogements bougons qui le rendent attachant. C'est surtout l'arrière plan qui a été retravaillé. Moins axé sur la guerre énergétique des deux super puissances, il se recalibre sur l'apocalypse atomique et développe une nouvelle philosophie pour le monde. Une technologie encore maîtrisée et un système digne du moyen âge, s'appuyant sur u mélange de fanatisme, de folie assumée et d'assurance. Les leaders bad ass (les vrais) sont tous de cette essence, et celui ci, légèrement inspiré de la famille Arkonen de David Lynch, en est un parfait exemple. La psychologie n'a rien d'originale, elle est en revanche cohérente et fonctionnelle. On peut même s'enthousiasmer des menues explications sur les castes guerrières, la mythologie qui les fanatise (finir chromé au Valhalla), qui offrent une immersion aussi rare que plaisante.


Mad max s'assume comme un défouloir. En cela, il est merveilleusement efficace quand il nous traîne dans son sillage. Mais à regarder de plus loin, ses faiblesses sont évidentes. Poncifs énormes (pourquoi les sanctuaires sont-ils toujours gardés par des femmes ? il m'énerve ce cliché !), redondance du suspense, usure du rythme (départ trop rapide, on ne voit finalement rien du paradis promis), pour s'entendre dire sur un air de Claude François : "ça s'en va et ça revient !". Sans doute dans ces circonstances que certains mettront un hola à ces dérapages contrôlés. Mais pourtant, que la formule fonctionne bien ! Avec ses esthétiques merveilleuses, ses séquences d'action d'anthologie (la tempête, les accrochages réguliers...), Mad max a de gros atouts dans ses manches pour assurer le spectacle. En tentant de palier à son manque de renouvèlement des enjeux par de nouveaux concepts, de nouvelles cascades, de nouvelles folies... Malgré la classification tout public, il a quand même réussi à préserver suffisamment de violence pour conserver le côté impressionnant de ses affrontements. Avec des truculences comme un combat à la tronçonneuse, un arrachage de mâchoire, des explosifs à bout portant... les faces à faces sont corsés et les punks coriaces. Sans doute sont-ce les sentiments, mais même sans l'odeur de cuir, la poussière de mad max 4 a de quoi taper dans l'oeil.

Voracinéphile
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le 15 mai 2015

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