Je tenais le dôme du tonnerre comme le meilleur des films de la saga Mad Max, car c'est le plus ouvertement post-apo, avec cette présentation d'une amorce de mythologie qui tente de se reconnecter au monde d'avant, tout en mettant en avant des enfants face à un Max qui semble s'estomper comme un tracé à la craie, dans une époque à laquelle il n'appartient déjà plus. Le 2 n'était qu'un film d'action vroum-vroum qui n'était "post-apo" que par commodité, quant au premier, c'était un vigilante movie avec des tutures qui font vroum-vroum aussi et un cascadeur qui se fait percuter à la tête. En extrapolant à partir de l'amélioration constante des trois premiers épisodes dans un tropisme post-apocalyptique de plus en plus construit, le 4è épisode ne pouvait, arrivant après La Route (le livre et le film) ou The Walking Dead (dont la construction d'un monde post-apo est riche), ça ne pouvait être qu'une apothéose. Non?
Bah, non.
Non, car la saga Mad Max n'est pas, n'a jamais été ni n'a jamais prétendu être une saga post-apo. Si le 2, et surtout le 3, pouvaient faire illusion en la matière, il s'agit avant tout d'une saga d'action mécanique, où le post-apo est surtout un prétexte pour montrer des véhicules customisés de ouf conduits par pratiquants du BDSM dans des courses-poursuites infernales. Et j'ai un problème avec les courses-poursuites: elles m'ennuient. Profondément. Je ne dis pas qu'une intrigue fondée sur un véhicule (Speed, le Salaire de la Peur) ne peut pas m'intéresser, seulement, va savoir pourquoi, voir des bagnoles plus ou moins grosses se coller au cul et multiplier des cascades parfois improbables juste pour qu'une en rattrape une autre, ben ça me laisse totalement indifférent. Ca me donne l'impression d'assister à une scène de remplissage.
Alors, le malentendu, il est là: je croyais sincèrement que Mad Max est une saga post-apo, alors qu'il n'en est rien. Et, plus que jamais dans Fury Road, l'important n'est pas la destination (ou même les rencontres) mais bien le trajet, et surtout à bord de quelles mécaniques il s'effectue. Car, au mieux, les personnages font une grosse boucle, des gens meurent pour ça, tout ça pour quoi? Le film m'a sans doute perdu entre la première et la dernière minute. Dans un univers où étaient apparues avant Fury Road des oeuvres telles que Niourk, la Planète des Singes, Malevil, Ravage, le Transperceneige, the Walking Dead, le Jour d'Après (celui de 1983), la Route, Jeremiah, et tant d'autres que j'oublie, il n'est pas possible de considérer Fury Road comme un post-apo, sauf à reconnaître qu'il arrive au moins 30-40 ans trop tard. Toute la franchise, a créé des codes visuels (un style post-apo punk-trash), a contribué à enrichir l'imaginaire collectif, mais sans jamais embrasser le genre et encore moins prétendre y apporter quelque chose.
D'où, au final, une note moyenne de 5: c'est sans doute un très bon film de course-poursuite dans un monde SF ultra-stylé, mais, je n'en ai aucune idée, puisque je n'en ai cure et n'aurais sans doute jamais regardé un film qui m'aurait été présenté comme ça. Et c'est un mauvais post-apo, mais on s'en fout, puisque ce n'est ni le sujet ni le propos du film. Il est d'ailleurs intéressant de relever qu'à bien des égards la saga Mad Max est l'objet d'un certain nombre de perceptions erronées.