What a day, WHAT A LOVELY DAY ! Comment canaliser le flux incroyable d’émotions qui traverse actuellement mon esprit pour restituer par écrit tout ce que représente Mad Max : Fury Road ? Huit mois d’attente, et voici venu le jour tant attendu. Sorti hier, le reboot de la légendaire saga de George Miller fait déjà l’unanimité. N’est-ce pas trop exagéré ? Oh que non !
Mad Max : Fury Road s'annonçait plein de promesses, se découvrant d'emblée à travers une bande-annonce mémorable présageant un spectacle dantesque. Mad Max, héros mythique du début des années 1980, alors connu sous les traits de Mel Gibson, reprenait enfin du service après 30 ans d'absence. A l'époque, George Miller était parti de rien, commençant avec Mad Max, premier du nom, sorti en 1979, réalisé avec un tout petit budget (environ 400 000 dollars australiens). Mais le succès fut au rendez-vous, ce qui permit à Miller de réaliser Mad Max : The Road Warrior, considéré comme le film le plus culte de la saga, et Mad Max : Beyond the Thunderdome, le vilain petit canard (et ça me fait mal de le dire).
Le succès et la réputation de la saga Mad Max n'est plus à faire, mais la réadapter à l'époque actuelle représentait un défi osé. En effet, le risque était de dénaturer le style et l'ambiance des Mad Max en proposant un rendu trop lisse, dans la lignée de nombreux blockbusters d'aujourd'hui. Mais heureusement, la présence de George Miller à la réalisation permettait déjà de se rassurer sur le contenu et la fidélité de ce nouvel opus par rapport à l'esprit Mad Max. Le chemin a pourtant été long pour arriver jusqu'à Mad Max : Fury Road, qui aurait pu sortir bien plus tôt (l'idée était déjà évoquée en 1985 juste après Mad Max : Au-delà du dôme de tonnerre) et sous une toute autre forme (il avait été imaginé d'en faire un film d'animation). De plus, on connaît la mode des bandes-annonce qui, aujourd'hui, jonglent difficilement entre la volonté d'attirer le spectateur en montrant des images sensationnelles, et le risque de, justement, montrer trop de scènes spectaculaires, gâchant alors le plaisir le jour du visionnage. Il faut dire que les bandes-annonce proposées pour Mad Max : Fury Road annonçaient déjà un film culte, mais je me devais de persister à émettre quelques réserves afin de ne pas placer la barre trop haut, même si le mal était déjà fait.
Mais non, Mad Max : Fury Road ne fait jamais fausse route (permettez-moi ce jeu de mots de circonstance), car tous les choix pris dans la réalisation de ce film sont diablement judicieux. Pour le grand retour du héros légendaire, Miller a choisi de reprendre les ingrédients du succès de Mad Max : The Road Warrior, considéré par la plupart des fans comme étant le meilleur de la saga. L’intrigue elle-même n’a pas réellement d’intérêt, car comme pour son parent, tout tourne autour d’une immense course-poursuite dans le désert. Et c’est bien là que se manifeste tout le génie de Miller : comment, avec un scénario aussi léger, réaliser un chef d’œuvre ? Dans la logique, si le scénario est mis de côté, sa légèreté est contrebalancée par une esthétique et une réalisation irréprochables, ce qui est définitivement le cas de Mad Max : Fury Road.
Car celui-ci dure deux heures. Mais ce ne sont pas deux heures d’un film comme un autre. Ce sont deux heures d’une intensité et d’une folie rares. Deux heures où j’en ai pris plein les yeux et les oreilles, où j’ai été cloué dans mon siège. Deux heures absolument jouissives où mon esprit s’est pris de cette même folie qui habite les personnages de ce film. Deux heures qui m’ont proposé une véritable claque esthétique comme j’en avais encore rarement pris. Et je pourrais encore continuer la liste de superlatifs longtemps tellement ce film est dingue.
Beaucoup critiquaient l’absence de Mel Gibson, jugeant que personne d'autre ne saurait mieux endosser le rôle de Max, et c’est vrai, il faut le dire, que ses prestations dans les films précédents ont été déterminantes dans le succès de la franchise. Mais Tom Hardy n’est pas né de la dernière pluie, on l’a déjà vu dans d’autres films, c’est un acteur en vogue et il ne déçoit jamais, alors pourquoi ne pas lui laisser sa chance ici ? Il faut avouer que le rôle de Max reste très simple d’apparence, car il s’agit d’un personnage très silencieux, mystérieux et antipathique, mais Tom Hardy prend la relève avec succès.
Il est d’ailleurs intéressant de noter que, même si le film s’intitule Mad Max : Fury Road, il n’est pas vraiment le personnage principal. Le film s’intéresse également beaucoup au personnage de Furiosa, très bien interprétée par Charlize Theron, qui a laissé tomber sa belle chevelure et ses belles robes dorées pour faire la pub pour du parfum, pour de gros camions et de l’huile en guise de maquillage. Les femmes ont d’ailleurs la part belle dans ce film, un point intéressant qui différencie cet opus des autres, dans ce contexte favorisant la suprématie des hommes, des vrais, bien qu’un essai avait déjà été fait avec Tina Turner en « reine de la cité » dans Mad Max : Au-delà du dôme de tonnerre. On notera également le clin d’œil de Miller qui choisit Hugh Keays-Byrne pour interpréter le rôle du grand méchant, Immortan Joe. Pourquoi un clin d’œil ? Ce nom ne vous dit sûrement rien, mais ce même Hugh Keays-Byrne avait également interprété le rôle du méchant, Toecutter, dans Mad Max, premier du nom.
Concernant le contenu du film en lui-même, j’ai également été conquis. En effet, il comprenait tout ce que j’attendais d’un Mad Max. Le premier constituant surtout un prélude, le second est considéré par tous comme une référence, tandis que le troisième avait le sale rôle de « celui de trop ». Ce que je regrettais dans le second, c’était le peu d’attention accordé au développement du contexte de l’histoire (comment les gens survivent, qu’est-ce qui est arrivé, etc.), or, dans le troisième, j’avais justement été séduit par le développement de ce contexte, avec une intrigue se déroulant dans une ville, avec sa population, sa hiérarchie et son fonctionnement, et c’est pour cela que j’ai tendance à le défendre, car ce point était pour moi indispensable afin de faire de Mad Max une œuvre complète.
La violence est omniprésente, tant dans les actes, que dans la manière dont vivent les gens, ou dans leur comportement même. Le climat est oppressant, et le danger est permanent. L’humanité est revenue à ses origines, dans un monde où la bestialité a pris le dessus sur la raison, et où les hommes vivent comme des animaux. Une nouvelle fois, toute cette ambiance est magnifiquement mise en scène par George Miller, sans compter les scènes d’action parfaitement filmées et montées, évitant un rendu épileptique, le tout étant accompagné d’une BO absolument épique qui m’a donné des frissons plus d’une fois.
Dans Mad Max : Fury Road, George Miller a su parfaitement combiner les ingrédients qui ont fait le succès du second avec ceux qui m’ont séduit dans le troisième, sans oublier de mentionner les éléments-clé du premier. En effet, on a la présence d’une cité au début du film, dirigée par Immortan Joe, présentée comme une sorte de fourmilière, permettant donc de donner une idée de la conception du monde créé par Miller, et donc de développer un contexte autour de la course-poursuite dantesque qui couvre tout le reste du film. Miller alterne d’ailleurs avec succès les scènes d’action rocambolesques avec des scènes de « pause » permettant d’en découvrir davantage sur les personnages secondaires, et de leur donner le relief qui, je trouve, manquait dans les précédents. Sur ce point, Miller gagne encore des points.
Mad Max : Fury Road est clairement un blockbuster, mais encore une fois, comme les anciens Mad Max, il parvient à se démarquer des autres. Contrairement à bien des blockbusters aujourd’hui, souvent considérés comme étant trop lisses et convenus, soumis à des codes, celui-ci ne suit résolument pas ses camarades à gros budget. Tout d’abord, Miller a joué la carte de l’authenticité, tournant en extérieur (Namibie et Australie), et usant le moins possible d’effets digitaux. Une nouvelle fois, toute son inventivité éclate au grand jour, avec ses véhicules incroyables, le guitariste déjanté, ou encore les perches télescopiques servant aux sous-fifres de Joe pour lancer des grenades. A l’heure où le fond vert est devenu incontournable dans tous les films à gros budget, Mad Max : Fury Road sort le grand jeu et montre qu’on peut livrer un grand spectacle sans que tout soit artificiel.
Je pense que j’aurais encore plein de choses à dire, mais je sens que je suis en train d’écrire des tartines, et que j’ai tout de même pu exprimer mes idées principales. Je n’ai pas caché mon enthousiasme ces derniers mois concernant la sortie de Mad Max : Fury Road. J’avais bien aimé la trilogie de base, et l’idée d’un reboot à notre époque me semblait tout à fait bienvenue pour donner un coup de jeune à la saga. Les bandes-annonce m’avaient scotché, mais je ne voulais pas placer la barre trop haut pour éviter la déception. Néanmoins Miller ne m’a pas déçu, au contraire, il a complètement survolé la fameuse barre et m’a offert deux heures d’un spectacle colossal et grandiose, une claque cinématographique comme j’en ai rarement reçu, à une époque où l’on a tendance à croire que le cinéma perd de son âme avec tous les nouveaux moyens techniques mis à disposition.
Mad Max : Fury Road est un film qui a été fait avec le cœur, et qui vous prend aux tripes. C’est un véritable feu d’artifice, une avalanche de cascades toutes plus incroyables que les autres, un spectacle prenant qui vous cloue au fond de votre siège. Il semblerait que des suites soient déjà prévues pour ce Mad Max : Fury Road, mais je dois avouer qu’il va être difficile de faire mieux. Dans tous les cas, je suis heureux de constater que c’est un plébiscite, et nul doute que Mad Max : Fury Road est déjà un film culte en devenir. George Miller, je vous dis un grand MERCI, et je reviendrai très vite au cinéma pour revivre deux heures de fous, chez les fous.
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