Entre le reboot et la suite, ce nouvel opus du vigilante de la route vient bousculer nos écrans noirs et nos habitudes de spectateurs de blockbusters gentiment calibrés par l'industrie hollywoodienne.
Max, fantôme hanté par ses propres démons errant dans un désert post-apocalyptique seulement peuplé de créatures mutantes, d'eau radioactive et de carcasses de monstres mécaniques, se retrouve embringué dans une course folle après une mystérieuse cargaison volée au seigneur de guerre local, le terrifiant Immortan Joe.
Accroche simple que certains trouveront peut-être simpliste, mais permettant au réalisateur et scénariste, George Miller, de mettre en image ses propres visions dantesques de ce futur noir et terrible. Sans aucune concession, le film regorge de gueules cassées, mutants et autres survivants estropiés, et esquisse en bien peu de mots une société violente et pourtant cohérente et crédible, qui renforce considérablement le propos et l'intérêt du film. Ceci est d'autant plus perceptible qu'un semblant de religion et de langage issu de nos civilisations passées et actuelles parsème la pellicule.
Tom Hardy campe ici un Max mutique et seulement mû par la force de la survie dont le seul but reste de fuir en se liant le moins possible avec autrui. Mais le réel tour de force reste de faire du personnage de Max le témoin de la quête de rédemption de Furiosa, interprétée par une Charlize Théron encore une fois captivante de charisme.
Toutefois, le principal attrait de ce Fury Road, reste sa direction artistique totalement démente, avec des plans magnifiques sur la solitude du désert, mais aussi dans la fureur des poursuites d'engins de morts de plusieurs tonnes de métal rouillé et rafistolé pendant des décennies. La technique est au diapason, proposant des images sublimes, aux couleurs éclatantes, rendant parfaitement justice au travail d'esprits forcément un peu tordu ayant conçu décors et costumes.
Ce Mad Max propose exactement l'ambiance de fureur et de furie que distille la bande annonce, sur près de 2h, sans jamais lasser son auditoire ni se répéter. Les chorégraphies de combat autant au corps à corps que motorisées sont ébouriffantes, autant que toutes les idées ingénieuses et novatrices de mise en scène qui hantent chaque plan. Ce film deviendra instantanément une référence post-punk du 21ème siècle, à coup sûr.