Alors que résonnent les premières notes du générique final, épuisés, les lunettes 3D encore sur le nez, une seule envie : celle de refaire la queue pour la séance suivante. Comme une évidence.


Car Mad Max Fury Road est une véritable symphonie furieuse sur quatre roues (ou plus) en trois mouvements qui convoque l'héritage des trois premiers films pour lui rendre hommage, puis l'enrichir. Les nouveaux personnages, instantanément charismatiques et inoubliables, mystérieux, difformes ou handicapés, sont autant d'êtres brisés qui portent leurs cicatrices et leurs stigmates tant sur leur peau que dans leur passé. Leur imagerie et leur allure puisent tant dans l'univers S.M. que dans le cinéma d'horreur, ou encore le hard rock, donnant ainsi un design qui ne s'interdit aucun délire esthétique. Comme le design de leurs montures, composant la horde des poursuivants de Max, faite de bric, de broc, de pièces de récup' autorisant les délires les plus fous et une variété de véhicules bienvenue.


S'il est encore question, en arrière plan, de violence, de luttes et de décadence liées à la pénurie d'eau et d'essence, ce quatrième opus double ces enjeux de celui de la perpétuation de la race, faisant ainsi echo à l'aspect difforme de certains personnages. Cela explique la place prépondérante de la figure féminine dans l'intrigue. Figure forte et indispensable, à l'image de l'interprétation d'une Charlize Theron impériale.


Les séquences d'action, diablement rythmées par Junkie XL, sont quant à elles dantesques et se déroulent dans un déluge de fer, de flammes et de chairs, multipliant les images chocs (La tempête de sable), les séquences inoubliables ainsi que la variété des agresseurs motorisés et de leurs moyens d'action. Elles empruntent l'image du camion citerne, objet de toutes les convoitises : lancées à très haute vitesse et sans aucun espoir de répit. La trois dimension immerge encore un peu plus le spectateur dans l'action en lui faisant retenir sa respiration plus d'une fois, tant ces scènes sont généreuses, impressionnantes, folles, virtuoses et spectaculaires.


Le seul très léger bémol de l'oeuvre, c'est le fait que Rockatansky, dans la première partie, est plus spectateur qu'acteur de l'action. Si cela permet au réal de filmer à nouveau de très belles images iconiques, comme quant il est attaché à une voiture, imitant ainsi la figure de proue d'un bateau, cela lui retire un peu de son charisme et de son aura de héros indomptable. Heureusement, ensuite, aux côtés de Furiosa, il retrouvera toute sa hargne et sa stature. Mais avant de les lui rendre, Miller aura sondé, le temps d'images parfois quasi subliminales, les fantômes qui hantent son personnage.


Epique et époustouflant, magnifique tant dans ses décors que dans sa photographie sublime et ses couleurs chaudes, Mad Max Fury Road s'inscrit comme un film intense et haletant, une véritable chevauchée fantastique qu'il me tarde de revoir : tant pour le plaisir de son action que pour l'univers apocalyptique qu'il m'a fait redécouvrir.


Une place pour Mad Max : Fury Road, siouplaît...


Car la seconde vision permet d'apprécier les petits détails qui nous étaient passés sous le nez la première fois, tellement le film est haletant. Comme ce lézard dans le premier plan, à deux têtes, qui fait autant référence à cette terre maintenant irradiée qu'il annonce la dégradation des gênes humains, la présentation de ce peuple revenu à l'âge primaire et farouche, les dégénérescences et les maladies cutanées que développent les adeptes du culte d'Immortan Joe, promettant un valhalla chromé à ses adeptes. Ou encore ces cinq filles ressemblant étrangement au figures courant l'imaginaire d'un Luis Royo période Millenium III. Les pupilles colorées des personnages pendant les scènes en nuit américaine... Et tant d'autres petites choses.


Et surtout, sentir les vrombrissement des moteurs suralimentés qui, à chaque accélération, parcourent chacun de nos os et y résonnent, comme la musique tonitruante du musicien à la guitare lance flamme. Se retrouver comme dans un film de pirates dans un troisième acte, où le camion prend soudain la forme d'un bateau que les perchistes tentent d'aborder...


La magie fonctionne encore et nous entraîne au coeur d'une tempête déchaînée qui emporte tout sur son passage. Et comme Nux au volant de son engin de mort motorisé, je me surprends à penser "Quelle belle journée"...


Behind_"Soyez Témoins" the_Mask.

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le 14 mai 2015

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