Le désert de la peur

Mais quel retour de papi Miller ! J'ai découvert les deux premiers Mad Max il y a moins d'un an, et ce furent deux claques instantanées (je laisse le 3 de côté au vu des critiques). J'attendais impatiemment la sortie de ce 4ème volet. La bande-annonce était tellement folle que j'avais peur de décevoir mes attentes. Mais il n'en est rien, parce que Fury Road est une bombe, un blockbuster comme on en voit rarement. Je dirais que le dernier blockbuster m'ayant fait vibrer à ce point dans une salle de cinéma, c'est Le Retour du Roi.

Ce Mad Max a tout pour lui: il est intense, vraiment bien foutu visuellement (quelle photo...), avec un univers travaillé au possible, un rythme de folie ! Tout !

Pas de blabla, on est directement jeté dans la cage aux lions dès le début. Max nous rappelle la situation, post-apocalyptique, et son seul désir: survivre parce qu'il n'en a plus à rien à foutre de tout après le meurtre de sa femme. Les pions se mettent rapidement en place: Furiosa a des envies d'ailleurs et prend la route à bord d'un camion citerne précieux lancé à pleine vitesse à travers le sale désert australien. Joe, pas content du tout, envoie toute son armée à ses trousses. Avec un Max accroché sur le devant de caisse parce que YOLO !

Et voilà, accochez-vous maintenant à votre siège parce que ça détonne... Course-poursuite, sur course-poursuite, de la crasse, des kamikazes aux lances-grenades peu communs, des châssis de Coccinelle et Corvettes montées sur des Monster Trucks...ça sent la classe à des kilomètres ! Le rythme est effréné, la musique est là pour vous tenir en haleine (une des meilleures BO depuis un bail pour ma part). Le rythme est tellement maîtrisé: on a au final une seule unité de temps, une journée qui se découpe entre bastons entrecoupées de pauses pour permettre au spectateur de souffler...et ça repart de plus belle ! J'en voulais encore plus à la fin. Quand on a une telle maîtrise de sa caméra qui se balade aussi aisément et fluidement entre des semi-remorques en pleine course, on en redemande. On ne voit ça que très rarement dans les blockbusters de nos jours. Il faut foncer voir ce film, voir que Blockbuster et qualité, c'est une alliance possible et délicieuse. Quel pied !

Au final, on a un blockbuster qui emprunte les codes d'Hollywood, et qui les démonte juste après, c'est jouissif. On a un sacré pied-de-nez à toutes ces machines à fric sans talent de mise en scène. Le George Miller, il te présente 5 avions de chasse, mais il va te mettre celle qui est enceinte en bouclier humain 15 minutes après. Au final, on a peur pour chacun des personnages. Tout le monde peut y passer, même Max. Voilà une des clés de la tension dans ce genre de film.

Et puis, que dire de la relation Furiosa/Max (Theron/Hardy)...là encore pas de blabla inutile, pas de romance mièvre. Du jeu de regard qui veut tout dire. On ne prend pas le spectateur par la main pour lui dire "Tiens regarde, ils font copain-copain". Non, là c'est subtile et loin des sentiers classiques. Au final, je me demande qui est le personnage principal entre Max, Furiosa et le Camion. S'il est clair que Max n'est plus dans la course, on peut se le demander pour les deux autres. Le camion, c'est l'élément central de Max Max(c'est assez bizarre de dire une telle chose...). Miller reprend la meilleure scène du 2ème volet et en fait un film entier. Le camions n'est-il pas l'élément central du Salaire de la Peur ou de Duel ? En parlant du salaire de la peur, j'ai bien l'impression que Miller s'en est bien inspiré. Quand dans le film de Clouzot on flippe à chaque moment pour les protagonistes, j'ai retrouvé cette même tension ici. C'est brillant !

Je pourrais encore en parler pendant des heures, mais malheureusement je n'ai pas le temps, je cours le revoir et le revoir tant qu'il sera au ciné ! Et je conseille à tout un chacun de le faire tant on ne verra pas ça tous les ans.