Ah... What a lovely day...
Bon, passons le moment où j'étais sur mon petit nuage.
Attention, les spoils vont se pointer sans s'annoncer.
Et puis j'irais du coq à l'âne, parce que merde.
Le héros au 1001 carrosseries
Je me fais effectivement chier depuis trop longtemps au ciné pour bouder ce plaisir. Fury Road est dense et putain de riche. Et si je suis très friand de films verbeux aux intrigues rocambolesques, voir un film presque muet raconter et brasser tant de thèmes, d'idées et de figures en un "simple" voyage me fera toujours bien plaisir - pour le peu que je tombe dedans.
Fury Road reprend la figure de l'homme sans nom que la saga ressort depuis le 2nd épisode : jamais/rarement nommé, il n'est nullement question de Max, ce n'est pas son histoire, il ne fait que croiser bon gré mal gré un conflit et s'y intègre, avant de repartir vers... repartir, tout simplement. Max est l'homme qui tombe à pic, le mec dont on a besoin dans une situation donnée. La nuance avec ce genre de schéma éculé jusqu'à la moelle, c'est que dans Fury Road, Max n'est pas la réponse, il n'est pas un Sauveur.
C'est le max imum, le potentiel qu'il va ajouter à la furi osa gonflée presque à bloc, au point où d'une manière magnétique, les deux personnages vont se lier sans phrase ni promesse scellant un pacte. Car Furiosa est assez forte pour s'en sortir et se battre ; seulement, la mission qu'elle mène sera son "voyage d'héroïne" où elle terminera de s'émanciper - après s'être faite enlevée enfant et marquée comme une esclave, Furiosa a déjà bien roulé sa bosse au niveau de sa condition : elle est respectée et Immortan Joe lui donne toute sa confiance.
Une héroïne mi-libre comme son visage à moitié couvert de crasse le symbolise, qui n'a pas besoin d'être sauvée et fera simplement équipe avec Max le temps d'un aller retour furieux.
Ce que gagne Max dans l'histoire est une cicatrice qui se referme enfin sur son humanité (oh que cette phrase mérite d'être écrite au blanco sur une trousse de collégien). Pas besoin de connaitre la trame du 1er opus où le flic devient vengeur, Max Hardy est hanté d'images post-trauma que le fan associera immédiatement comme une relecture de la perte de son enfant. Ce qui est intéressant dan Fury Road, c'est que tout cela marche même en étant déconnecté des autres films : lors de sa première tentative d'évasion, d'autres spectres hantent Max qui aurait abandonné un peuple, l'humanité ( - Ah bon c'est pas les gamins du 3eme ? - J'sais pas, moi j'dis c'est l'humanité. - Ah ok. - A ton service.)
Le petit bout de chou qui se fait avaler par le déluge de violence métallique n'est rien d'autre que lui même. Enfin de compte, il n'est question que de sauver sa peau. Tout tourne en boucle, et dans les 5 premières minutes où ces apparitions sont très fréquentes, on entend par vague d'échos énormément de phrases dites plus tard dans le film (certaines même au sujet de Terre (pas si) Verte (que ça), supposant dès le départ que c'est perdu d'avance).
Redevenu animal à l'ouverture du film, Max est capturé comme un cheval sauvage (c'est son côté Dirty Dancing), tondu et réduit à un groupe sanguin, comme un label de traçabilité, puis utilisé comme une poche de sang humaine. Une déshumanisation pas du tout étonnante dans un patriarcat où les génisses sont reliée à des trayeuses et les pondeuses de compétition réservées au mâle alpha.
Pour ce qui est du marquage au fer rouge, je n'ai pas le souvenir de l'avoir clairement vu sur le bonhomme, un cut assez parlant nous présentant Furiosa directement comme une esclave. La première action de la poche de sang vivante est de sauver son cul de la mission kamikaze de Nux, puis... Renait. Il récupère son agilité humaine, prêt à estropier son propriétaire pour s'en libérer. Enfin, il réclame sous forme de grognement de l'eau et qu'on lui coupe sa chaine / son cordon ombilicale (choisis l'image qui te fait le plus plaisir, c'est gratuit). Petit à petit, sans non plus tenir une thèse en philosophie, Max va ajouter des verbes et des images à ses mots, et lavera le sang de ses ennemis par le lait maternel - je sais pas encore ce que ça veut dire mais la partie "poète attardé" de mon cerveau me fait de grands signes. Et si Max incarnait à lui tout seul la ritournelle de Nux "i live, i die, i live again" ?
Mecha Hurlant
Max, Furiosa, Nux et les pondeuses de Joe sont noyés dans un déluge futuriste - selon le courant artistique prônant machine, vitesse et violence. Ce qui m'a bluffé dans cet opus, c'est après l'émerveillement face à ces véhicule hybrides putainement bricolé, je n'étais pas devant un film de bagnoles mais un réel film de mecha, d'exosquelettes à roue, où chaque humain risquant de foutre un orteil en dehors le paie de sa vie une fois sur deux. Et ça noie les thèmes de l’hybride (Furiosa a elle même une partie mécanique, les warboys qui se chroment la gueule pour aller exploser comme des véhicules) et du parasite (les personnages passant d'un véhicule à un autre), à un rythme bien trop rapide pour mon cerveau, donc si tu te dis que je me touche la nouille en écrivant tout ça, t'as surement raison. Et puis, finalement, Max répare Furiosa et lui fait le plein à la fin du film. La voilà repartie pour un tour, et Max s'esquive à contre sens de la foule - humaine - qui ne le subjugue pas comme le déluge métalique pouvait bouffer ce gamin subliminale.
L'homme au masque de père
Reste Immortan Joe, surement une image simple mais efficace du 1% en haut qui ouvre rarement les vannes pour ceux du bas. Le patriarche assisté par sa tribu de gamins et ses deux demi-fils (un jeromelebanner-like bas du front, et un être diminué physiquement mais ayant toute sa tête). Le pauvre, il rêve tant d'un enfant parfait... Car ouais, tout comme Nux et les warboys sont couverts de petites noix tuméfiées bien dégueus (tu l'as, tu l'as ? Noix / Nux ? Ahah !), les gros antagonistes du films sont tous difformes, le People-Eater au nez métallique et pieds éléphantesques, le Bullet-Farmer édenté (et rendu aveugle - ses phares ont été brisés), trois figures masculines déplorables de leader horribles et grotesques. Si Max se débarrasse des deux sous-badguy du film, cela reste à Furiosa d'accomplir a vengeance avec une exécution d'une ironie délicieuse (tuer le père en reliant sa bouche d'ogre synthétique à la puissance mécanique qu'il pensait maitriser) - avoue que toi aussi le montage t'a fait comprendre que c'était dégueu sans réellement avoir percuté ce qui s'était passé. De la rédemption à la vengeance, il n'y a qu'un filin pris dans une roue pour arracher une mâchoire.
... j'ai l'impression que j'ai 2 ou 3 idées et images sympa, mais je n'arriverai pas du tout à m'organiser. Tant pis. C'est con, j'ai même pas joué avec l'image de la perte de la caisse iconique de Max. Ouais tant pis.
C'est quand l'heure des pilules ?