Je suis allé voir ce dernier opus de Mad Max avec curiosité, me demandant ce que Georges Miller aurait à nous proposer, quelques décennies après le Dôme du Tonnerre.
Ce qui m'a frappé très rapidement, c'est que rien n'a véritablement changé. On retrouve ces bandes de fous furieux qui se coursent sur des pistes approximatives, dans la tension, la sueur et le sang. On retrouve ce monde post apocalyptique où la franche camaraderie est devenue une valeur assez rare, à l'instar de l'eau et du carburant. Certes, l'image est plus propre qu'auparavant, les acrobaties plus spectaculaires, les armes plus déjantées, les costumes encore plus visuels, les look des guerriers démentiels, les véhicules hallucinants de customisations.
Les paysages, en outre, se révèlent souvent magnifiques. Les plans d'ensemble nous montrent des étendues désertiques grandioses, des massifs rocheux tortueux, voire des tempêtes de sables apocalyptiques comme je n'en avais jamais vu.
Pour le reste en revanche j'ai véritablement ressenti une furieuse impression de déjà vu, comme si le réalisateur faisait un remake de son second opus. Sauf que Tom Hardy n'est pas Mel Gibson. Ce dernier possédait un autre charisme. Tom Hardy semble être tombé là par malchance. Une caravane de tarés passait par là, il est monté dedans. C'est plutôt Charlize Theron qui lui vole la vedette : elle se montre tout à fait crédible, belle et rebelle à la fois. Indomptable et indomptée. Les jolies reproductrices qui l’accompagnent sont davantage là pour leurs jolis minois, même si leur prestation dénote une ambition de liberté assumée. Les méchants, le big boss en tête, ne sont pas terrifiants comme ont pu l'être leurs prédécesseurs. Ici, c'est un vieux roitelet qui règne sur un potentat local. Classique. Oui, le monde s'est légèrement structuré en agrégats humains de plus grande importance. Un peu comme dans Ken le survivant en fait.
Cet univers désespéré est visuellement puissant mais le scénario s'avère simplissime, une course poursuite en voitures customisées (oui, Ok, c'était déjà un peu ça avant). C'est chouette, ça remue, ça cahote et on ne s'ennuie pas. Mais c'est un peu court pour crier au chef d'oeuvre.
Alors oui, cette bande d'illuminés qui adorent un être semi divin et sont prêts à mourir pour lui, s'imaginant être accueillis au Valhalla, pourra rappeler une certaine actualité avec une réelle acuité (si certains n'ont pas saisi l'allusion, la phonétique du nom du royaume des héros morts évoquera immanquablement une divinité monothéiste). C'est un message intéressant mais un peu court car pas vraiment développé.
Oui, les vielles dames ne sont plus ce qu'elles étaient et logent dans les cortex décérébrés des bastos sans sourciller : c'est sympa de mettre en avant un troisième âge plein de vitalité mais pas suffisant pour emporter mon adhésion totale.
Au final, ce Mad Max m'a semblé être un nouveau reflet, certes réactualisé, d'un film que j'avais déjà regardé avec plaisir il y a fort longtemps. Sauf que Max n'est plus tout à fait le héros (même si l'on pourra rester admiratif devant son exceptionnelle capacité de donneur de sang). C'est sympa mais pas inoubliable.
Edit : en le regardant à nouveau, je ne peux nier à cet opus une ambiance féroce et magnétique, soulignée par une musique d'une puissance rythmique entêtante.