Je ne pensais pas pouvoir être un jour surprise par un film d'action. Je ne pensais pas que l'on puisse encore créer quoique ce soit d'innovant en matière de filmage de courses poursuites, de bagnoles, de vrombissements et de flingues. Je ne pensais pas pouvoir expérimenter un film avec une fureur telle qu'elle me viderait totalement le corps et l'esprit, me ferait me ronger les ongles jusqu'aux premières phalanges, les yeux cloués à l'écran, au bord des larmes, au bord de l'implosion. J'avais mis de côté cette envie folle de cinéphile d'être immergée dans un métrage au point de retenir mon souffle, de recevoir des claques, alors en apnée totale.
Putain ce mec a réalisé Babe 2 et Happy Feet
Il aura falu que ma route croise celle, déjantée et furax, de Miller. Un type à la filmo de schizo, dont je n'ai quasiment rien vu, mais qui signe ici le plus extratordinaire film d'action pure que j'ai vu de ma vie. Dès les cinq premières minutes, je me demandais ce que je voyais. La voix de Tom Hardy, de la poussière, une bagnole rafistolée, une silhouette sur une dune et des vrombissements à faire trembler les sièges. Ce film est un grand huit d'une violence, que dis-je, d'une fureur (il n'y a que ce mot qui définisse parfaitement ce film) inouïe. Je suspecte la prise de produits hallucinogènes par toute l'équipe pendant le film, les acteurs sont en transe. Il n'y a que le cadreur qui reste zen, offrant des plans d'une trop rare beauté au cinéma. Pas besoin de trembloter pour filmer un convoi jeté à toute allure dans un néant sableux. Il faut le caresser, le contourner, épouser son mouvement. Son putain de mouvement !
Le montage est fou, mes amis, fou ! Les yeux charboneux de Charlize (puissante, magnifique), un moteur surdimensionné, coup d'accélérateur, un perchiste, une tronçonneuse et clap de fin. C'est tellement jouissif que ça en devient épuisant.
On sort de la salle en se demandant ce que l'on vient de voir. On peut reprocher au film son manque de profondeur. On peut, mais se serait mesquin. L'histoire est là, le propos nous est envoyé en pleine gueule. C'est une métaphore à peine déguisée de notre présent et notre avenir. La Terre est un amas de sable, survivre est le seul credo de l'être humain, la colère son principal vecteur, mû par un espoir salvateur.
Faut être aveugle et sourd pour penser que ce film n'a rien à dire.