What a day ! What a lovely day !
Si George Miller abandonne l'esthétique punk des premiers volets de la saga, l'esprit demeure tout de même. Dans un univers à la croisée des mondes de Jodorowsky ou encore Enki Bilal, l'immersion et le charme opèrent sans difficulté.
Avec le septuagénaire australien derrière la caméra, finis les effets et retouches informatiques ignobles ainsi que les scènes d'actions brouillonnes et incompréhensibles d'Hollywood. Adieu aux Batmen, Supermen, Spidermen et autres héros en culottes flashy : Max les enterre tous en effectuant un simple road trip de deux heures.
Évidemment, le premier point fort de ce blockbuster australien, c'est la qualité, la précision et la nervosité de ses courses-poursuites. Inutile d'être un grand amateur du genre pour apprécier l'ensemble des détails qui constituent la richesse des assauts répétés contre le War Rig.
Les costumes et plus généralement le soin apporté à l'esthétique globale du film comblent également de bonheur les amoureux de bandes dessinées du genre. Impossible en voyant le bras amputé de Furiosa de ne pas penser à La Caste des Métas-Barons de Gimenez et Jodorowsky. De la même façon, l'environnement stérile, le nihilisme ambiant et la mode du crâne rasé chez la plupart des protagonistes nous plongent avec plaisir dans l'ensemble de l'œuvre d'Enki Bilal.
Pour autant, les dialogues constituent le défaut majeur de cet opus. Si tous réunis ils dépassent à peine les dix minutes, c'est déjà trop. Les temps de pause sont très mal gérés (à tel point que cela en devient presque aberrant). Au lieu de se contenter de faire tourner les dialogues autour des thèmes du manque ou de l'égoïsme, le réalisateur vise au dessus de ses capacités et commence à utiliser un vocabulaire qu'il ne maîtrise pas, rendant ainsi certains dialogues indigestes.
On en vient presque à penser que les dialogues n'étaient pas nécessaires puisque le réalisateur réussit parfaitement à retranscrire les angoisses et les émotions des personnages à travers les seules scènes de courses poursuites (le Witness me ! final de Nux en est le parfait exemple).
Le casting est plutôt réussi. La prestation de l'égérie Dior Charlize Theron dans le rôle de Furiosa est à la hauteur (excepté lors des moments de pathos). Les poursuivants sont tout à fait convaincants et parviennent parfaitement à nous immerger dans la folie. Néanmoins, Tom Hardy déçoit par son manque de charisme patent, ce qui est tout de même bien dommage lorsque le film porte le nom de son personnage.
Mad Max : Fury Road est donc une œuvre en demi teinte. Le génie des scènes d'actions côtoie la médiocrité des flashback de Max alors que le guitariste aveugle jouissif se mêle à un plaidoyer bâclé en faveur de la condition des femmes.
Certainement pas parfait, le dernier opus de la saga Mad Max a au moins le mérite de nous charmer et nous enchanter comme aucun autre blockbuster n'a réussi à le faire depuis longtemps.