30 ans après le dernier épisode de « Mad Max », le réalisateur australien George Miller revient avec ce nouvel opus pour le plus grand plaisir des fans.
La première bande-annonce diffusée en 2014 avait eu l’effet d’une bombe auprès de toute la culture « geek » et des fans de la trilogie original. Plus fort qu’ « Anvengers : L’ère d’Ultron » et que le prochain « Star Wars », « Mad Max : Fury Road » était le film le plus attendu de cette année 2015.
Avec l’énorme attente que suscitait ce reboot, Miller était attendu au tournant et n’avait indéniablement pas droit à l’erreur. Les premiers échos de la presse et des critiques cannoises semblaient confirmer le retour gagnant de Miller et de la franchise culte, tous étaient unanimes.
Pour son nouveau Mad Max, le réalisateur australien a décidé de revenir aux fondements du cinéma d’action, celui sans artifices visuels, tape à l’œil, celui qui transpire l’authenticité. 80% des scènes ont été tournées sans effets visuels, Miller souhaitait atteindre un degré, sans égal, de réalisme et de limpidité, sans tricherie ; il voulait que le spectateur ressente exactement ce que les acteurs enduraient dans cette course-poursuite de la mort.
A la sortie de la salle, on a presque l’impression d’avoir ce goût de sable qui nous brûle les lèvres. Cette sensation d’être aussi sale que les protagonistes, de devoir reprendre son souffle après l’avoir retenu pendant deux heures d’actions pures et dures.
Alors oui, « Mad Max : Fury Road » n’est pas un grand film philosophique, il ne pète pas plus haut que son cul, quoiqu’il insuffle une certaine réflexion (comme le faisait les autres films de la série) sur le totalitarisme, la lutte des classes, le matérialisme, l’écologie et même sur la religion. « Mad Max » pose des questions extrêmement pertinentes sur la réelle valeur des ressources vitales, l’humanité post-apocalyptique plongée dans une dystopie sans avenir, sur la recherche de rédemption (illustrée par le personnage de Max ou bien de Furiosa). Maquillé en gros blockbusters « couillu », armé de sa panoplie d’explosions et de cascades proprement hallucinantes, « Fury Road » se calque sur un questionnement identificatoire et propose une métaphore de projection sur son univers et ses dilemmes.
Le film dépeint un univers sans manichéisme qui colle à une vision plutôt vériste, ce qui change un peu des grosses productions américaines toujours centrées sur un schéma post 11 septembre.
Est-il surprenant également, que la figure emblématique du héros est ici portée par une femme (Furiosa, splendide Charlize Theron), se démarquant de « l’entertainment » hollywoodien classique, démontrant une véritable intention de détourner les codes de conduites d’une société machiste et cabocharde. Les femmes sont belles, mais ne sont plus de simples faire-valoir. Elles sont fortes, tiennent tête aux hommes, quelque soit leur âge. Si le film de George Miller devait être autre chose qu’un divertissement, ce serait bien un film féministe.
Le spectateur lambda et non-initié y verra plutôt une nouvelle occasion de s’éclater avec ces potes. « Fury Road » a beau ne pas être aussi con qu’il n’en a l’air, il reste tout de même un machine à rouleau compresseur, étalant tout sa puissance de feu sur grand écran devant nos yeux ébahies. Scènes d’action pure jus, presque sans temps mort, truffées de trouvailles visuelles particulièrement inspirées, une palette de sacrés « tronches » nauséabondes (mention spéciale au méchant Immortan Joe, délicieusement répugnant), des véhicules amalgamés à la sauce futuriste et évidemment un univers totalement farfelu, âpre et ardent.
Mais que serait un « Mad Max » sans son anti-héros silencieux ? La question qui pouvait se lire sur toutes les lèvres était : est-ce que Tom Hardy sera à la hauteur ? Après visionnage, il n’y plus de doute, Miller a trouvé son nouveau Max le fou.