Voir un nouvel épisode de Mad Max sur les écrans n’est pas une surprise. Voir que c’est toujours son initiateur à la barre trente-cinq ans après en est une. Quatre films, tous réalisés par celui qui les a conçus et imaginés, preuve que celui-ci a toujours la volonté et le besoin de s’exprimer à travers une licence populaire et pourtant pas si génétrice de profit que d’autres. Fury Road s’inscrit dans une logique nouvelle, dans un milieu du blockbuster qui a bien évolué depuis son dernier volet en 1985. Il y a pourtant à sa vision cette sensation qu’il a toujours fait parti du paysage, ancré dans son époque et ses préoccupations. La mouvance a d’ores et déjà été représentée cette année avec Jupiter Ascending, fresque féerique où l’héroïne s’élevait pour mieux chuter et apprendre de ses erreurs face à des hommes caduques. Ici l’approche est tout aussi intéressante, mettant en scène un Max Rockatansky meurtri et névrosé, mutique même dans son incapacité à s’exprimer autrement que par des grognements et qui à travers sa relation avec Furiosa (Charlize Theron, géniale), apprendra à se reconstruire et l’aidera à atteindre, elle, un statut supérieur. Pour certains féministe, on pourrait dire que le film est surtout un récit de couple, comme on en voit peu dans les blockbusters actuels, qui passe par les regards et l’approbation mutuelle. Dans l’idée que chacun à son utilité, l’un peut faire ce que l’autre ne peut accomplir, et inversement, pour mieux s’unir et s’ériger en humains respectables. L’univers créé ici par Miller est unique en son genre, peut-être déjà vu dans des jeux vidéo comme Fallout, mais qui fait toujours plaisir sur un grand écran, dans ce mélange punk/moderne, usant de la culture populaire pour mieux créer sa propre mythologie.
Fury Road est surtout un film d’une grande beauté visuelle, qui flatte sans arrêt la rétine, choque sans cesse le spectateur dans ses attentes, repoussant toujours plus loin les limites. Ses scènes de poursuites figureront sans équivoque dans ce qui c’est fait de meilleur dans le genre, d’une grande fluidité et au découpage exemplaire. Il en est par contre autrement dans le découpage du film en lui-même, au rythme sans cesse brisé par les fondus au noir qui semblent toujours mettre fin à un film qui ne s’arrête jamais. On reprochera aussi à Miller son utilisation de la 3D un peu limite sur certains points, qui aurait méritée plus de soin, mais il n’empêche que Fury Road est un grand film de cinéma. Ces films de divertissement sont trop rares pour qu’on ne conseille pas aux gens d’au moins y jeter un œil.
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