Réjouissants adieux
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Madadayo est un long-métrage beaucoup plus inattendu que sa forme épurée pourrait le laisser croire. Beaucoup ont pu s'ennuyer devant, et je ne leur jette pas la pierre, car il donne l'impression, du long de ses deux heures, de n'être qu'un assemblage de très longue vignettes, passages cruciaux de la vie d'un ancien professeur très respecté par ses élèves. Toutes ces vignettes ont d'ailleurs à voir avec la manière dont ces élèves s'occupent de leur professeur vieillissant.
Et là où réside tout l'attrait de la proposition de Madadayo, c'est que dès sa scène d'ouverture, il joue avec la tendance qu'ont nos cerveaux à penser qu'ils ont tout compris. La salle de classe profonde et ancienne, les uniformes et le maintien des élèves: l'on s'attend à un professeur dur et respecté. A peine entré, le voila qui semble tancer "quelqu'un a fumer ici?" Oulala, ça va barder pour celui qui se fait chopper ! En réalité, le professeur avoue immédiatement que lui aussi a bien envie de fumer lorsqu'il entend la cloche. S'ensuit un discours qui nous renseignent sur l’excentricité du vieux bonhomme.
Bim, ça y est, nous avons compris! Voici venir un autre de ces films un brin classique mais pas désagréable qui dépeignent la personnalité extraordinaire d'un vieux maître attachant et malicieux. Alors oui, mais non en fait. Le professeur de Madadayo ne cessera de tomber dans diverses formes de déchéances, sans jamais selon moi, perdre le respect que ses élèves lui porte, et que le spectateur, s'il veut bien lui prêter un peu de son temps, finit par ressentir à son tour.
Le professeur est en fait en vie. Et là où le film est le plus génial, c'est qu'il laisse croire tour à tour qu'il est un récit sur les survivants de la guerre, un récit sur la jeunesse japonaise et son rapport à l'autorité, un film sur la vieillesse. Je crois qu'il est tout ça en même temps. Madadayo me laisse croire à la vie, et ça c'est chouette.
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Créée
le 3 avr. 2019
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