Fort de son succès que je ne comprends toujours pas, la saga Madagascar s’est vue offrir en 2012 (soit quatre ans après le second opus) un troisième épisode, devant surfer sur la mode de la 3D et pour prolonger le plaisir des plus jeunes en leur proposant une nouvelle aventure de leurs héros. Bon, il y a aussi l’envie pour les producteurs de se faire du blé, ne le nions pas ! Mais qu’importe, Madagascar 3 : Bons baisers d’Europe est sorti et, bien qu’il ait été hors compétition lors du Festival de Cannes 2012, s’est révélé être aux yeux de la presse et du public comme l’épisode de trop. Un constat que je trouve un chouïa sévère, même si avec cet opus, la franchise ne me convainc toujours pas.

Encore une fois, Madagascar 3 reprend les mêmes défauts qui persistent depuis les débuts de la saga, initiée en 2005. À savoir un style visuel un peu trop anguleux qui ne peut pas plaire à tout le monde, un enchaînement de vannes et autres situations comiques de bas niveau qui ne feront rire que les jeunots (et encore, vu le caractère caca prout ou déplacé de l’ensemble, c’est se moquer de ce type de spectateurs), les compositions d’Hans Zimmer toujours aux abonnés absents (une fois de plus bouffées par l’utilisation de chansons du calibre d’I Like To Move It), des personnages énervants (King Julian détient toujours la palme de ce côté-là) et qui manquent avant tout de charisme. D’ailleurs, sur ce point, le troisième film met à la trappe l’atout de l’opus précédent : le fait que chacun des protagonistes avait une histoire qui lui était attachée, lui permettant d’être bien plus appréciable que dans le premier long-métrage. Ici, ce travail scénaristique a totalement disparu, les protagonistes redevenant sur le coup sans âme pour laisser la place à des seconds couteaux non mémorables et de l’action à gogo. Comme si tout ce qui avait été fait sur le 2 n’avait servi à rien, donnant l’impression que ce troisième épisode se présente à nous comme un opus de plus, qui n’a pas grand-chose à apporter à cet univers.

Cependant, et c’est ce qui lui permet de sortir du lot, Madagascar 3 arrive enfin là où ses prédécesseurs s’étaient vautrés auparavant : avoir des séquences spectaculaires en magasin. Alors là, cette suite n’arrête pas une seule seconde et ne reprend son souffle que trop rarement. Il suffit de voir le premier quart d’heure du film, qui mélange infiltration style espionnage et se conclut par une course-poursuite totalement déjantée qui témoigne d’un visuel bien plus fluide et grandiose qu’à l’ordinaire. Parfois, ça se rapproche un peu trop de l’overdose de couleurs et de la crise d’épilepsie (la scène du spectacle accompagnée par la chanson Firework de Katy Perry en est le parfait exemple), mais au moins, ça a le mérite de ne pas ennuyer contrairement au manque de jugeote du premier opus qui ne comptait que sur l’hystérie indigeste de ses gags et personnages. Voilà pourquoi j’apprécie ce Madagascar 3 par rapport au premier !

Après, ce troisième film n’est pas l’opus qui saura me réconcilier avec la franchise pour autant. Hormis les défauts persistants énoncés plus haut dans cette critique, Madagascar 3 s’offre à nous comme un véritable vide scénaristique. D’accord, il y a bien de nouveaux personnages qui ont quelque chose à raconter, mais ces derniers manquant autant de charisme que les principaux n’apportent vraiment rien (au risque de me répéter). Et vu la tournure que prend le dénouement (nos héros retournant enfin au zoo comme ils l’on tant désiré depuis le 1 et qui, une fois sur place, décide de partir une nouvelle fois à l’aventure), nous ne pouvons conclure que la franchise tourne véritablement en rond pour rien. Juste pour se faire du fric auprès du jeune public qui ne fait pas la différence entre divertissement de qualité et produit purement commercial. Et dire qu’un quatrième film, autre que le spin-off sur les fameux Pingouins, serait actuellement en préparation…

Une suite qui arrive à surpasser le premier par un peu plus de spectaculaire et des personnages moins hystériques, mais qui reste en-dessous du second à cause d’un manque flagrant de scénario, Madagascar 3 : Bons baisers d’Europe ne sera pas l’opus le plus marquant de la saga, ni le film d’animation le plus mémorable depuis Toy Story et les divers Pixar que le cinéma ait connu. Divertissant, certes, mais au combien basique et pas mémorable pour un sou. Juste de quoi satisfaire les jeunots pendant plus d’une heure et demie, ni plus ni moins.

Créée

le 5 janv. 2015

Critique lue 804 fois

5 j'aime

Critique lue 804 fois

5

D'autres avis sur Madagascar 3 : Bons Baisers d'Europe

Madagascar 3 : Bons Baisers d'Europe
Citizen-Ced
6

Après le cinéma en 3D, le cinéma en LSD

OK,c'est vrai, Madagascar 3 a des défauts : le fond de l'histoire n'est pas super intéressant ni original, et les personnages principaux ne sont pas les plus attachants qui soient. Il n'y a pas non...

le 20 juin 2012

12 j'aime

1

Madagascar 3 : Bons Baisers d'Europe
pilyen
2

De la 3D pour cacher la vacuité de l'histoire

Mais que suis-je allé faire dans une telle galère ? Il y avait quelques temps que je n'avais pas vu un film d'animation et c'est sans préjugé que je me suis assis pour assister à la projection de...

le 3 juin 2012

10 j'aime

4

Madagascar 3 : Bons Baisers d'Europe
SPlissken
1

Attention bouse fumante !

Bien pire que le 2ème opus qui était bien plus nase que le premier lui même déjà pas très folichon. C'est impressionnant de creuser un peu plus sa tombe à chaque nouvelle sortie. Des personnages du...

le 17 déc. 2012

8 j'aime

2

Du même critique

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
sebastiendecocq
8

Un coup dans l'eau pour la future Justice League

L’un des films (si ce n’est pas LE film) les plus attendus de l’année. Le blockbuster autour duquel il y a eu depuis plusieurs mois un engouement si énormissime que l’on n’arrêtait pas d’en entendre...

le 28 mars 2016

33 j'aime

1

Passengers
sebastiendecocq
5

Une rafraîchissante romance spatiale qui part à la dérive

Pour son premier long-métrage en langue anglophone (Imitation Game), Morten Tyldum était entré par la grande porte. Et pour cause, le cinéaste norvégien a su se faire remarquer par les studios...

le 29 déc. 2016

29 j'aime

La Fille du train
sebastiendecocq
4

Un sous-Gone Girl, faiblard et tape-à-l'oeil

L’adaptation du best-seller de Paula Hawkins, La fille du train, joue de malchance. En effet, le film sort en même temps qu’Inferno (à quelques jours d’intervalles), un « Da Vinci Code 3 » qui attire...

le 28 oct. 2016

28 j'aime

4