Les femmes du deuxième sous-sol.Anne et Bob,riches américains vivant à Paris,organisent un dîner huppé auquel ils invitent leurs amis triés sur le volet.Mais on a beau être plein aux as,on n'en est pas moins superstitieux et,comme on se retrouve avec treize convives,la maîtresse de maison contraint Maria,sa bonne espagnole,à faire la quatorzième,la faisant passer pour une amie.Mais voilà qu'un des invités,un éditeur anglais,tombe amoureux de la bonniche,qu'il prend pour une princesse présente incognito.Outrés,les patrons de la domestique essaient de saboter l'idylle mais ne peuvent dire la vérité à leur pote au risque d'avouer la supercherie et de perdre la face.Amanda Sthers,ex femme de Patrick Bruel,est reconnue en tant qu'écrivain,notamment à travers sa pièce "Le vieux juif blonde" ou sa biographie de Johnny Hallyday "Dans mes yeux".Elle a donc décidé de se lancer dans la réalisation cinématographique,exercice pour lequel elle semble moyennement douée.Sthers a coécrit le script de "Madame" avec Matthew Robbins,cinéaste et scénariste américain,et confié la musique,assommante, à Matthieu Gonet,qui fut autrefois un des profs de la Star Academy.L'histoire rappelle beaucoup "Les femmes du 6e étage" de Philippe Le Guay,mais la mise en scène pataude,le scénario qui fait du sur place et le manque de réalisme de personnages artificiels aboutissent à un spectacle gentiment ennuyeux.Ce qui est fort regrettable car le fond est des plus intéressants.Amanda stigmatise ici l'hypocrisie de la très haute société,milieu over friqué où l'on se pique publiquement d'opinions démocrates carburant à la justice sociale tout en exprimant en privé le plus parfait mépris pour le vil peuple.Les pauvres,ces êtres pittoresques et exotiques qu'on ne voit jamais dans les restaus 4 étoiles,à la Fashion Week ou aux soirées de l'ambassadeur,sont supportables tant qu'ils restent à leur place subalterne et n'outrepassent pas cette limite.La bourgeoisie socio-démocrate est la pire race qui existe en ce bas monde et le film le montre assez bien en dépit de sa qualité douteuse.Menteurs,sournois,faux-jetons,Anne et Bob se comportent de manière fausse dans tous les domaines,chacun trompant l'autre et le mari cachant à tous qu'il est au bord de la ruine.Les gens qu'ils fréquentent ne valent pas mieux,à commencer par l'amant de Maria qui se défilera en apprenant la vérité.Ce qui est amusant est que l'univers stigmatisé par la réalisatrice est précisément le sien,mais on ne parle bien que de ce qu'on connait le mieux.Quant à l'amour de l'art qu'on professe volontiers en ces hautes sphères,il est surtout guidé par le goût de l'investissement.Une curieuse distribution cosmopolite,principalement franco-anglaise,a été réunie ici.L'australienne Toni Collette,comme toujours fantastique,parvient à être aussi séduisante qu'horriblement détestable alors que l'américain Harvey Keitel est très bon en vieux richard désabusé soumis à son épouse.Choisir Rossy de Palma pour le rôle de Maria est une idée peu brillante car la laideur de l'actrice rend invraisemblable l'amour qu'elle inspire.Il est vrai que son soupirant n'est pas lui-même un prix de beauté et que tous les goûts sont dans la nature.Stanislas Merhar apparait très éteint en dragueur blindé et de petites participations sont dévolues à Ariane Séguillon,l'assistante sociale du feuilleton "Demain nous appartient",l'ex Miss France Sonia Rolland ou l'humoriste belge Alex Vizorek.