Aaaah, Paris ! Ses palaces, ses musées, ses ponts au soleil couchant ! De quoi alimenter des comédies romantiques américaines pendant encore quelques siècles. Celle-ci pourrait se réclamer des images de carte postale de Woody Allen. Des personnages caricaturaux y évoluent en vêtements de grands couturiers et y étalent leurs préoccupations indécentes au cours de dialogues d’une superficialité rare. Ce sont pourtant de bons comédiens qui les prononcent, ces répliques crasses, mais ils n’y peuvent rien. Tony Collette mise tout sur sa plastique, Harvey Keitel est en mode somnambule, et Rosy de Palma part en vrille dans toute la première moitié tant on ne lui donne rien à faire. On ressent un embarras terrible à la regarder contraindre son naturel flamboyant pour incarner une madone en habit de soubrette, et on souffle un peu quand elle ressort les vestes en jean pour se dandiner lors d’une fiesta improvisée dans sa chambre de bonne. Parce que oui, elle joue une bonne, dans ce milieu friqué qui essore le monde en toute bonne conscience. Une bonne qui va traverser la cloison de verre derrière laquelle elle était maintenue par son statut inférieur le temps d’un dîner… figurez-vous que toute l’histoire est là : tout le monde est une personne ! Une vraie, avec une vie en dehors du boulot, des regrets et des désirs. Incroyable, non ? Incroyable qu’on fonde un scénario là-dessus, surtout ! C’est bête à bouffer du foin, en plus de terriblement condescendant, daté et américain, dans l’acception la plus négative du terme. La répulsion la plus violente a fini par me gagner et ça n’est pas le finale en demi-teintes qui va me réconcilier avec cette breloque cinématographique bling-bling complètement creuse, qui joue sur tous les tableaux en mélangeant les genres, notamment avec le fils écrivain maudit, rentier décadent qui tente de justifier son existence misérable par le cynisme avec lequel il observe ses aînés, poissons clowns pris dans la nasse de leur suffisance. Certainement l’avatar des auteurs de cette trame famélique qui s’étiole à mesure qu’elle avance. Non, vraiment, je ne vois pas quoi sauver de ce naufrage aux effluves rances.