Madame croque-maris par Ninesisters
Un sacré casting que celui de ce film : Paul Newman, Robert Mitchum, Dean Martin, Gene Kelly, Dick Van Dyke,… Mais il ne faut pas se leurrer : celle qui porte What a Way to Go! sur ses épaules, c’est Shirley MacLaine. Nous pouvons même dire qu’elle donne de sa personne, accumulant les tenues extravagantes, et obligée de suivre Gene Kelly dans un numéro de comédie musicale (exercice dont elle se tire à merveille).
Shirley MacLaine, donc, incarne ici Louisa May Foster, une fille ravissante, à la recherche de l’amour et non d’un bon parti, au grand désespoir d’une mère arriviste. Seulement, il faut croire qu’une malédiction a été jetée sur elle, car tous les hommes qu’elle épouse connaissent gloire, fortune, puis fin tragique. Elle a beau s’enticher d’idéalistes ou d’artistes sans le sou, rien n’y fait et le même schéma semble devoir se répéter encore et encore. Littéralement : au second époux, nous avons déjà compris toute la structure du film, même si le troisième apportera une touche d’originalité en étant beaucoup plus proche de ses propres idéaux.
Le titre français – « Madame Croque-Maris » – est mal trouvé, car Shirley MacLaine ne recherche justement pas la fortune (elle est de toute façon plus riche qu’eux). Seulement un homme qui l’aime. Bon, OK, elle ne reste jamais veuve bien longtemps, mais de toute façon, elle ne les supporte plus bien avant que la mort les sépare… Le réalisateur pourrait nous la faire passer pour un cœur d’artichaut, mais pas du tout : hormis, peut-être, le dernier, c’est toujours très bien amené, et très logique. A un détail près : à force, elle devrait être célèbre pour une raison ou une autre, mais personne ne la connait.
Une des particularités de ce long-métrage, ce sont les saynètes représentants chaque mariage, Shirley MacLaine faisant le parallèle entre ses époux et des films. Ainsi, le premier correspond à un Charlie Chaplin (en particulier un passage de Modern Times), le second à une production française où elle tiendrait le rôle d’Arletty, le troisième à une super-production hollywoodienne, le quatrième à une comédie musicale (pas la peine de préciser qui est l’heureux mari), et ainsi de suite.
Le tout est parsemé de gags, et maintient un humour noir et non-sens du début à la fin. Souvent, c’est plus gentillet qu’autre chose, mais il reste quelques instants au-dessus du lot. L’ensemble est avant tout distrayant, pas forcément mémorable mais correspond à un style qui n’a plus sa place à Hollywood depuis les années 70, donc qui peut aujourd’hui nous paraitre original. Je peux dire avoir passé un bon moment.