Extravagant périple international pour cet éclatant bijou, une paire de boucles d’oreille en diamants, qui semble s’acharner à revenir à sa propriétaire première, via le même bijoutier, et le mari de celle-ci qui devra l’acheter trois fois.
Frivole, dépensière, coquette au sang froid, menteuse à ses heures, cette épouse de général de l’aristocratie militaire française à la vie organisée autour des artifices mondains du Paris de 1892, et se voit donc offrir par son amant le fameux bijou, qui fut un cadeau de mariage de son époux autrefois. Révélant par là le carrousel sentimental et marital aux trois protagonistes, il devient à la fois un personnage de ce drame romantique, et le symbole continu pour elle de sa vie amoureuse : ennui et conformité, valeur financière, bagatelle, amour, passion, danger, rejet, emprise, sens de sa vie et péril.
En 1953 la morale priorisait évidemment le respect des conventions sur celui de la vie, mais dévoile pourtant ici une aventure témoignant de la merveille comme du drame de l’amour, infiniment plus beaux, profonds et fatals que ceux fomentés par la violence des hommes. Cette romance franco-italienne raconte de charmants et néanmoins tragiques destins, pourtant relativement classiques, de la vie et de l’amour, avec toute la douleur qui lui est inhérent, révélés à une femme dont la maturité lui permet l’accès. Porté par la magnifique Danielle Darrieux, les dialogues élégants et non-dits impliquent, suscitent, déduisent dans la finesse, plus qu’ils ne parlent, à l’instar de ces ambiances vaniteuses et glauques de la noblesse comme de celles des masques des doubles vies.