Un chef d'oeuvre d'âpretés , totalement porté par le charisme saisissant d'un Tim Roth démarrant sa carrière sur les chapeaux de roues. Incarnant un punk haineux toisant d'un regard animé le conformisme d'une société britannique cherchant la récupération des laissés-pour-compte le jeune acteur livre là une composition fracassante et magistrale, défendant l'indéfendable.
Après son cultissime et percutant Scum Alan Clarke récidive en nous plongeant à nouveau dans le paysage social de sa nation, jouant sur une réalisation à la fois synthétique et brillante de maîtrise technique : longs travellings faisant corps avec le jeune Trevor, montage allant à l'essentiel, violence dépeinte sans fioritures... C'est un choc au sens originel du terme, sans détours ni concessions.
En un peu plus d'une heure de métrage Made in Britain montre, avec une amoralité salutaire, l'inconséquence de son anti-héros, montrant moins une descente aux enfers qu'un véritable cercle vicieux. Personnage fascinant dans sa perversité et ses accès pathologiques Trevor reste un archétype de la mouvance skinhead, avec bretelles, Doc Martens et boule à zéro à l'appui ; un archétype au service du discours passionnant du scénariste David Leland, dont l'écriture épouse harmonieusement la mise en scène rigoureuse du grand Alan Clarke. Un film exceptionnel.