Godard, qui ne fait rien comme personne, se démarque direct dès le générique, avec ses lettres énormes qui remplissent l'écran, sans tenir compte d'où commencent ou finissent les mots, rendant la lecture difficile. De toute façon ce générique ne nous dit pas grand chose, les noms de l'équipe et du casting étant remplacés par des initiales. Quel rigolo, ce J-L G.
Ca part assez mal après ça : un mec dont l'accent bien marqué fait qu'on ne comprend rien à ce qu'il raconte, et des bruits d'avions qui viennent couvrir les voix. J'ai compris après coup, car l'effet sonore est utilisé tout le temps durant le film, qu'il y a ces bruitages et bien d'autres encore (sonnerie de téléphone, klaxons) censés couvrir le nom d'un personnage prénommé Dick à chaque fois que quelqu'un le prononce. Inspiration certaine de Tarantino pour Kill Bill. Sauf que dans Kill Bill le "bip" fait que c'est plus assumé, et dans Made in USA c'est très désagréable à entendre, surtout vu la différence de volume sonore, et pourquoi les gens disent-ils si souvent le nom de ce Dick, damn ?!
Effet voulu ou non, j'ai de toute façon eu du mal à comprendre ce qu'il se passait dans ce film. Les éléments cités plus haut ne m'ont pas aidé à vouloir suivre avec attention, Godard ne donnant certainement pas envie à son public : dès le départ pleins de faux-raccords, des sautes d'axe, une direction d'acteurs quasi-nulle tant les actions ne sont pas crédibles. Anna Karina tient son flingue comme un chiffon sale, et pourtant elle menace un homme avec et l'oblige à se poser sur un lit. Après ça, elle l'assomme d'un coup de soulier sur la tempe...


A l'incompréhension se mêle le WTF avec cette réplique de l'héroïne qui brise le 4ème mur en disant qu'il y a déjà du mystère, on devine alors qu'elle parle du film dans lequel elle est, mais elle ajoute ensuite qu'on se croirait dans un Disney joué par Bogart, donc un film politique.
On trouve par la suite des dialogues d'un n'importe quoi complet. Et une apparition pour le moins inattendue d'un squelette, avec des yeux encore là, sous des bandages.
J'ai compris le délire avec la scène du bar, où il y a de l'absurde total all over the place. On aurait dit un mélange entre du Beckett et du Ionesco, en plus saugrenu encore ; je n'aurai pas cru Godard capable de ça. Et je félicite les acteurs, assez forts tout de même, pour accumuler tant de conneries élaborées dans leurs répliques en un plan-séquence.
Enfin, je croyais avoir compris le trip du film. Mais après cette séquence délirante, il n'y en a plus aucune similaire, ça redevient sérieux, et on ne comprend plus rien à nouveau.
Le wtf ne pointe son nez que par petits à-coups, quand des bulles de BD apparaissent à l'écran, lorsque ce n'est pas le mot "liberté" qui se retrouve mitraillé, ou quand un lookalike de Belmondo adopte des intonations bizarres ou parle face à la caméra en ayant inévitablement l'air un peu attardé. Il y a aussi, pour je ne sais quelle raison, un personnage qui dit se nommer Richard Nixon. Mais qui prononce le "-on" comme on le prononcerait à la fin de "bidon".


Les personnages sortent tout un amas de texte poétique, avec ou sans signification, je n'en sais rien. Il semblerait qu'il y ait un message politique aussi, caché derrière cette intrigue policière qui laisse le spectateur perdu loin derrière, mais bon, les messages politiques, datant des 60's qui plus est... On a ce long discours sur une bande audio sur le fascisme, le communisme, etc, mais là encore on n'a pas envie de suivre, dans ce cas-là à cause de la qualité sonore horrible.
Non, Made in USA est un film qui ne donne pas envie qu'on le suive, et qui continue d'avancer sans s'en soucier.
J'ai dû m'accrocher à d'autres petits plaisirs. Les beaux yeux d'Anna Karina. Entendre une femme chanter quelque chose de triste a capella. Les références inutiles à Aldrich et Preminger dans un nom de rue et un nom de personnage.
Nul doute que Made in USA c'est le type de film qui se ferait lyncher s'il sortait aujourd'hui, alors qu'il était accueilli les bras ouverts dans les 60's.

Fry3000
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le 11 mars 2012

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