Manque de po
Godard, qui ne fait rien comme personne, se démarque direct dès le générique, avec ses lettres énormes qui remplissent l'écran, sans tenir compte d'où commencent ou finissent les mots, rendant la...
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Poétique, policier, politique. Silence. Un générique godardien, laconique, paraphé, expéditif. Des couleurs. Close-up sur Anna Karina. Leitmotiv au piano forte. Une affaire de crime, du sang. Du rouge. Nom de stars américaines. Silence. Jean-Luc Godard. 1966. Made in U.S.A., film shooté en Scope. Jean-Pierre Léaud, agité. Anna Karina, sublimée. La voix de Jean-Luc. Le communisme. Les poètes revolvers. Les enfants de Marx et de Coca-Cola. Le cinéma.
Made in U.S.A. succède au chef d'oeuvre Pierrot le Fou dans la fructueuse filmographie de Jean-Luc Godard, lui empruntant sa forme hétéroclite et ses couleurs tranchées, sa liberté de ton et ses audaces sonores. Visuellement éclaté, quasiment expressionniste, ce film mineur est considéré par Godard lui-même comme l'un de ses échecs les plus cuisants. Force est de reconnaître que l'ensemble demeure plutôt modeste, loin de la splendeur formelle du Mépris ou de la complexité narrative de Pierrot le Fou : Godard semble s'y interroger à tâtons au sujet des codes du film noir, reprenant beaucoup des idées substantielles de Pierrot le Fou, du ludisme dialogué de Une femme est une femme tout en expérimentant une certaine réflexion sur la situation politique de son pays ( qui trouvera son parachèvement dans La Chinoise, fleuron visionnaire du cinéma godardien qui préfigure élégamment Mai 68 ). Made in U.S.A. demeure une oeuvre totalement imparfaite, sciemment inaboutie mais aussi beaucoup plus dense qu'elle ne le semble a priori ; sa faiblesse principale réside sans doute dans son hésitation permanente entre poésie et politique, bien évidemment incapable de choisir l'une au détriment de l'autre. Film chaotique mais étrangement aimable en définitive.
Il y a de magnifiques instants de cinéma, notamment cette longue scène de bistrot tournée en plan-séquence à travers laquelle Godard réinvente avec drôlerie le langage et ses contresens ; ces couleurs jaunes, rouges et bleues encadrant le visage boudeur d'Anna Karina ou encore cette musique incessante du répertoire classique qui scande efficacement le métrage... C'est à voir, comme toute l'Oeuvre de Jean-Luc Godard !
Créée
le 21 mai 2015
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