Chef de file de la nouvelle génération de cinéastes coréens, PARK CHAN-WOOK est celui grâce auquel son pays à progressivement réussi à s'imposer sur la carte du cinéma mondial depuis 2010. Deux films fondamentaux redessinent les contours du retour en force de l'archipel: "Joint Security Area" en 2003, astucieux détournement de la rivalité nord/sud sur fond de manipulation des armées à la frontière. Peu de moyens mais des idées de mise en scène largement compensatrices et un scénario machiavélique. Et surtout "Old Boy" auréolé du Grand Prix à Cannes en 2004 décerné par Tarantino, premier épisode d'une trilogie sur la vengeance (les deux autres tous aussi excellents, si ce n'est plus) aux séquences chocs mémorables et à l'interprétation de l'acteur principal sidérante. Audace des cadres, perversité scénaristique, humour corrosif et comédiens remarquables ont depuis lors affirmé sa place prépondérante sur l'échiquier du 7ème art, si bien que nombre de ses compatriotes ont pu suivre sa filiation.


Sa nouvelle production cannoise était donc attendue au tournant, et le moins que l'on puisse dire c'est que la déception fut pour le moins sévère. On retrouve ici quelques une de ses obsessions premières: tensions diplomatiques historiques entre superpuissances asiatiques (ici le Japon et la Corée), jeux de séduction et de faux semblants, plaisir évident de l'esthétique, sadisme jouissif et talent inné pour la narration alambiquée. Mais le bat blesse en ce que la construction dramatique des différentes parties rejoue sans jamais y apporter un bénéfice quelconque la duplicité des personnages. Combien même on est dans un premier temps ballotté dans les ellipses temporelles, le schématisme des situations nous rabâche suffisamment les tenants et les aboutissants de l'intrigue pour ne pas se perdre dans ce dédale foisonnant. Un foisonnement qui finit justement par lasser car embourbée dans une surenchère d'effets factices. Le cinéaste à suffisamment de talant pour nous raccrocher à son sens du rythme et à sa direction des comédiens, toujours aussi juste. Son esprit sarcastique est également assez à l'oeuvre pour que l'on puisse s'en délecter goulûment. Hélas son hédonisme lesbien réunit les pires clichés fantasmatiques masculins, et l'hyper sexualité qui en découle fera à coup sur frémir les mâles normalement constitués sans pour autant en restituer un gage de qualité supplémentaire. La conclusion complétement foutraque est à cet égard bien représentative d'un réalisateur à l'aisance toujours aussi prégnante mais en roue libre depuis son passage hollywoodien. Sympathique mais pas inoubliable.

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le 25 oct. 2016

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