" ça se dit un air de violon ? "
Lent, doux et sucré voilà ce qu'est ce film où il suffit de jouer du violon de dos pour tomber amoureux, où il suffit d'une scène où l'on cherche désespérément ce qu'est un COD, sans cri, sans larmes, sans hurlements, pour placer et découvrir la famille dont Jean est le père: peu bavard mais solide, dévoué aussi à son propre père.
Les mots ne sont pas débordants dans ce film et c'est tant mieux, Brizé distille la lenteur et en fait une marque de fabrique efficace, qui fait simplement voir les choses d'une autre manière, par le regard. Il créer des scènes simples qui mettent en relation ses personnages et les font se dévoiler sans scènes explicatives interminables: une journée en classe pour présenter son métier, une fenêtre qu'on vient réparer, un pique-nique en famille, une discussion en voiture, des messages sur le répondeur et ces trois scènes majeurs où le temps se suspend: le dîner (où Aure Attika surprend), la réparation de la fenêtre et la gare, à la fin (mais je ne vous en dit pas plus), voilà un cinéma qui prend le temps d'admirer, qui prend le temps d'aimer, d'hésiter, de chosir, de se sourire, de se regarder ! Qui laisse simplement l'espace et le temps aux personnages de se construire et d'évoluer à leur rythme sans les enfermer trop vite dans des cases...
Il n'est pas besoin, je crois, de préciser (parce qu'ils sont souvent/toujours géniaux) que Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain sont superbes de douceur, de mutisme et quand ils laissent couler leurs larmes, encore une fois, on se détache des mots pour aller directement à l'émotion pure, sans broncher, l'étirement du temps se poursuit et décidément malgré l'attente interminable, mon amour, nous ne nous reverrons pas demain...