Stéphane Brizé ose le couple Vincent Lindon/ Sandrine Kiberlain, une dizaine d’années après leur séparation. Il n’y a nul doute quant à la pertinence du choix, tellement leur jeu va de pair et épouse à merveille les courbes des deux protagonistes.
Jean est un manuel, il semble timide et peu érudit. Mademoiselle Chambon, l’institutrice de son fils, vogue d’écoles en écoles quasi-annuellement ; elle a peu d’attaches.
De par une intervention dans la classe de son fils, Jean et Mademoiselle Chambon se découvrent. Jean est ainsi amené à changer une fenêtre dans l’appartement de l’institutrice. Jean regarde respectueusement le mobilier, et c’est intrigué qu’il demandera à Mademoiselle Chambon de lui jouer un air de violon. Hésitante, l’institutrice permet finalement ce premier contact dénudé. Une mise à nu revêtue tout de même d’un thème de violon enivrant.
Jean l’affirme, il ne connait pas bien cette musique, mais il est éveillé, puis émerveillé. Le sentiment amoureux qui prend forme si subtilement entre ce père de famille et cette institutrice est articulé autour d’une curiosité.
Les échanges entre les deux protagonistes restent pour autant silencieux, mais ils deviennent de plus en plus profonds. Les mots sont des regards ou des notes de musique.
Deux amants, deux aimants, tantôt attirés par un amour pudique, tantôt repoussés par une incompatibilité concrète.
Le réalisateur met en scène une histoire d’amour légère et authentique. "Mademoiselle Chambon" est un film qui fait preuve d’une délicatesse incroyable. Une délicatesse jamais sur-jouée, jamais incongrue, jamais brisée.