Magouille et compagnies.
On pourrait considérer Mado comme une nouvelle variation sur les thèmes qu’on sait désormais chers à Claude Sautet, et qu’il traite comme personne. Il est en effet très facile de tisser des liens...
le 8 déc. 2015
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Après Les Choses de la Vie en 1970, Max et les Ferrailleurs en 1971 et Vincent, François, Paul... et les autres en 1974, Claude Sautet retrouve à nouveau Michel Piccoli pour un rôle principal en 1976 avec Mado, où il va s'intéresser à un promoteur immobilier de 49 ans qui va peu à peu avoir des problèmes financiers tandis qu'il entretient une relation avec une jeune prostituée.
Alors que j'approfondis pleinement le cinéma de Claude Sautet, j'ai eu un peu plus de mal à m'imprégner de Mado, qui représente une légère déception après quatre immenses oeuvres (toutes celles depuis Les Choses de la vie). Je n'ai pas complètement retrouvé l'émotion (toutes proportions gardées) de ses précédents films, tandis qu'il montre parfois un équilibre défaillant entre les différents thèmes et personnages abordés, notamment dans la dernière partie et la finalité du destin des personnages. Ce qui est vraiment dommage car Mado reste une oeuvre de qualité et intéressante à plus d'un titre.
On retrouve l'une des obsessions du cinéma de Sautet, à savoir l'homme face à la vie et les dilemmes qu'elle occasionne. Ici, c'est Michel Piccoli qui va devoir, à 49 ans, se poser les bonnes questions et prendre les décisions adéquates, tant par rapport à son entreprise que sa vie privée. Le metteur en scène de César et Rosalie place son personnage dans le contexte de la crise économique naissante et de la peur de voir ses concurrents prendre plus d'ampleur sur le marché. Sautet dépeint la vie de cet industriel solitaire et un peu égocentrique aux problèmes de plus en plus nombreux, et dresse autour de lui une galerie de personnages qui va occasionner désillusion, doute et quelques moments de joie, notamment en groupe, ce qu'il filme toujours merveilleusement, tout comme le contexte de l'époque (un point m'a d'ailleurs marqué, comme dans les précédents films de Sautet dans cette décénnie, mais qu'est ce qu'il fumait en ce temps-là !) et la science du détail qui va avec.
Usant d'une plume très personnelle, l'écriture est toujours d'une rare intelligence et justesse, que ce soit par rapport aux thématiques abordées ou l'évolution des personnages, permettant à l'oeuvre de maintenir tout le long son intérêt. Comme souvent, il n'en oublie pas les seconds rôles, notamment la mystérieuse Mado, mais aussi la concurrence et les amis de Piccoli. On retrouve encore une touche mélancolique, certes moins puissante que dans ses précédents films mais toujours présente, donnant une sensation de temps qui passe et d'une vie souvent compliquée, qu'importe le rang social. Piccoli est toujours immense, incarnant avec cynisme et force son personnage tandis que face à lui, la jeune italienne Ottavia Piccolo lui rend bien la réplique, tout comme Jacques Dutronc. À noter aussi l'excellente bande-originale de Philippe Sarde, collant à merveille avec les images.
Si Mado n'atteint pas forcément la puissance des précédentes productions de Sautet, elle n'en reste pas moins une oeuvre prenante, abordant avec mélancolie, intelligence et justesse le début de la crise économique à travers le portrait d'un industriel qui va devoir faire face à de nombreux problèmes.
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le 8 oct. 2015
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