Pedro Almodovar développe dans "Madres Paralelas" un thème récurrent dans son œuvre, celui de la filiation et de la maternité. Ici le croisement de deux destins de femmes de génération différente qui se retrouvent côte à côte dans le même hôpital pour accoucher, et futures mères célibataires vont rapidement sympathiser et partager un lourd secret. Seront donc convoqués ici les thèmes de la maternité, de la parentalité, de la famille, de la descendance…
Mais aussi l’Histoire, la mémoire, les plaies du passé, les morts de la dictature franquiste. En effet, en parallèle aux destins croisés des deux femmes, il y a toute une histoire liée à la Guerre civile espagnole qui n’arrive toujours pas à cicatriser. Il est question d’une fosse commune dont les familles des victimes aimeraient beaucoup qu’elle soit ouverte afin d’honorer leurs morts comme il se doit.
Avec ce formidable portrait de femmes et de mères, Pedro Almodovar renoue donc avec son genre de prédilection, le mélodrame au féminin, mais innove en connectant le présent au passé. Pour la première fois il utilise ce genre pour aborder les plaies mal cicatrisées de son pays, l’Espagne, qui refuse de se confronter à son histoire et aux fantômes du franquisme.
Histoire de descendances bouleversées et d’ascendances traumatisantes, "Madres Paralelas" est donc à la fois un drame sentimental et un film politique, une manière pour le cinéaste de continuer à explorer ses obsessions tout en essayant de se renouveler.
Sans atteindre la force de "Parle avec elle" ou de "Volver", "Madres Paralelas" fait partie des films aboutis du cinéaste, même s’il ne surprend plus beaucoup…