Petite déception pour le dernier Almodovar. Alors que je me réveille avec les réminiscences de ce film vu hier pour sa sortie officielle.
Qu’en extraire ?
Le synopsis déjà me laissait perplexe mais pourquoi pas … engager un travail sur la maternité tant qu’il remet en cause les codes sociaux pré enregistrés n’était pas fantasque pour l’hygiène sociale. En effet, trop peu abordée, la problématique du « devenir mère » manque de distance dans nos modèles de construction, mais aussi de décence et de vérité. Donc, allons y pourvu qu’on nous parle franchement …
Pedro choisit donc de nous raconter l’histoire de deux mères célibataires, qui se retrouvent à accoucher ensemble et seules, laissées par le géniteur du dit enfant. Enfant béni ou enfant refus, dans tous les cas apparaît ici dans une lecture illustrative, peut être trop accessible, l’effacement de la femme dans son rôle de mère.
Bien que Penelope Cruz puisse encore incarner l’image d’une femme fatale, tout s’efface au profit de l’enfant. D’ailleurs, les scènes de maquillage et préparation pour accueillir l’amant incarnent une forme tragique de ridicule. Une façon désemparée, superficielle, de se présenter à l’autre avec le masque.
C’est peut être le seul moment de vérité du film, qui par la suite existe dans le tout prévisible incarné par un scénario lisse, où les personnages robotisés n’ont ni failles ni tensions.
En effet, pas une seule scène n’y résiste. Tout est lisible, désincarné, sans profondeur ni réactions hystériques ou contradictoires.
Et ça commence dès le premier shooting. Au moment où Janis photographie Arturo, ta main à couper qu’il est le père. Aucune subtilité, une tension digne d’une pub Tinder foireuse.
Sans spoiler, tout s’y soustraie : la rencontre avec Ana, les recherches familiales (la meuf est animée par un truc rasoir total), l’annonce de la grossesse à un père qui jamais ne remettra en cause le discours de Janis (alors que, bordel, le type est concerné), le résultat des tests de maternité … j’en passe. Tout est prévisible. Tout, tout, tout.
Puis, dans le jeu des acteurs, un malaise s’installe. Honnêtement, heureusement que la V.O. existe, elle ajoute un petit je ne sais quoi d’imperceptibilité des failles de jeu. Mais, je me souviens avoir longuement regardé au Portugal, des étés entiers, une serie B qui s’appelait « morangos com açucar » et mes souvenirs me confirment que le jeu était équivalent, si vous avez aimé le film, la série doit pouvoir se dénicher sur YouTube (remerciez moi plus tard).
Un film donc, dont la promesse devait être de faire l’éloge d’une bataille de femme pour incarner famille seule, devient un fourre tout de stéréotypes mis bout à bout qui peut franchement taper sur le système de plus d’une ou d’un d’entre nous.
Un cadeau nous est confié : tu ressors en sachant pertinemment ce que tu ne souhaites pas incarner dans la vie.