Manifeste pour un Soderbergh sans filtre

Magic Mike n'est pas en soi un mauvais film. C'est même l'un des meilleurs de la part d'un Soderbergh qui commençait gentiment à se muer en quasi-arnaque ces derniers temps après le surestimé The Informant, le gentillet Contagion et le très médiocre Piégée il y a de cela quelques semaines. La force du film repose dans sa retranscription des scènes de strip-tease. Channing Tatum y déploie l'étendue de ses talents qui, je n'en doute pas, raviront ces demoiselles, et le reste du casting masculin s'en sort également plus qu'honorablement dans cette discipline. Le scénario est pour une fois plutôt bien tenu, et malgré une certaine faiblesse des sidekicks et certaines longueurs (mais moins que dans les films précédents, beaucoup moins même), l'ensemble tient assez bien debout et se suit sans trop de mal.
Magic Mike aura aussi un certain intérêt en ce que beaucoup de ceux qui le regarderont (moi compris), pourront enfin se rendre que Matthew McConaughey peut être, à ses heures perdues, un acteur de cinéma. A moins que ce ne soit la fadeur extrême d'Alex Pettyfer qui ne me fasse penser cela...

Restent néanmoins quelques défauts très agaçants hormis ceux qui ont pu être déjà abordés. La première s'appelle Kevin Nash. Toute personne un peu au courant de la vie et de l'oeuvre de Big Daddy Cool s'étonnera de le voir incarner un strip-teaseur, et cela à raison. Car même si Soderbergh prend bien le soin de le mettre quasiment toujours en arrière-plan sur les numéros dansés, la rigidité de cette grande gigue aux genoux devenus légendairement friables s'avère parfois assez ridicule, tant on voit le bonhomme ramer pour essayer de suivre le rythme. Surtout que le scénario n'exploite quasiment pas ce qui aurait pu faire la force du personnage, à savoir son âge plus avancé.
Mais le principal défaut du film reste esthétique. Magic Mike, dès qu'il sort d'une boîte de nuit, est moche. Très moche. Cela tient à cette foutue manie que peut avoir Soderbergh de mettre des filtres partout et tout le temps. Il filme les trips sous drogues comme on en trouverait dans un mauvais Bret Easton Ellis. Il met du jaune partout et tout le temps. Le ciel est jaune, la mer est jaune, les corps sont jaunes, tout est jaune, et laid. Il ruine les beaux corps qu'il souhaite filmer en en faisant des Simpsons humains, ce qui est d'autant plus un gâchis sachant qu'à ma connaissance, ce doit être la première fois qu'on doit voir les boobs d'Olivia Munn dans quelque média que ce soit. Donc Steven, range tes filtres où ils sont, et arrête de nous faire du Technicolor version XXIème siècle!

Au final, ce 27ème Steven Soderbergh en deux ans est loin d'être le pire de la cuvée. Il laissera sans doute satisfait ses fans et ne convaincra pas forcément ses plus farouches détracteurs. Mais ça faisait tellement longtemps que je n'étais pas sorti d'un film de Soderbergh en me disant "C'était honnête finalement" que je vais prendre cela comme une victoire.
Sharpshooter
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le 14 août 2012

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le 14 août 2012

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Julien Lada

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