Immense four au box-office, grosse franchise avortée ou presque, film culte de la fin des 90s pour certains, Magic Warriors reste une curiosité, une mésaventure cinématographique peu commune dans le milieu et un ratage qui aurait pu être une œuvre fantastique.
Début des années 90, quatre frères physiciens pensent à une aventure de fantasy mettant en scène des kangourous mystiques pratiquant les arts martiaux. Absolument novices dans le ciné, sans aucun contact ni rien, ils font appel à papa, grand fabricant de jouet hong-kongais, qui arrive on ne sait comment à financer le projet et à voir grand. Trop grand. Franchise de blockbusters assurée, jouets par dizaines, série TV, comics... Joseph Law veut créer son propre Teenage Mutant Ninja Turtles et va pour cela investir 36 millions de dollars dans ce premier projet intitulé Warriors of Virtue.
A l'écriture, il engage deux petits scénaristes pas chers tandis que c'est non moins que le génial Ronny Yu qui dirige l'ensemble, le réalisateur de La Mariée aux Cheveux Blancs étant l'homme de la situation, s'occupant de sa première expérience avec l'Occident puisque le tout est une co-production internationale tournée en anglais. Le tournage est chaotique, Yu dirigeant des acteurs anglophones avec une équipe parlant tour à tour anglais, chinois et mandarin, faisant face à des complexités de costumes et d'animatroniques.
Simple comme bonjour mais efficace dans le fond, l'histoire de Magic Warriors suit un gamin boiteux propulsé dans un monde magique où 5 kangourous experts en arts martiaux doivent défier un tyrannique sorcier. Outre des acteurs tentant chacun de décrocher la palme du cabotinage (remportée haut la main par Angus Macfadyen), la mise en scène bridée souffre d'ellipses saugrenues, de plans improbables, de faux raccords et d'une écriture débile où répliques stupides et improvisations évidentes joignent leur force pour constamment faire grincer les dents du spectateur.
Au final, avec ses vingt premières et inutiles minutes d'exposition sur Terre contre ses cinq petites dans le monde (apparemment) féérique de Tao, la mise en scène presque ratée de Ronny Yu, incapable de proposer un spectacle visuellement époustouflant, les combats câblés étant insipides, mal cadrés et constamment ralentis (et floutés !), Magic Warriors est une plaie à regarder, jamais fun, jamais beau, jamais féérique ni immersif, juste le caprice de quatre gosses qui ont réussi à convaincre papounet de leur filer le budget de Gattaca pour mettre en boite une bouffonnerie qui mettra tout de même cinq ans pour accoucher d'une piteuse suite.