La lumineuse Karin Viard porte à bout de bras cette surprenante proposition, à mi-chemin entre la comédie dramatique et le thriller d’investigation, questionnant certains dogmes archaïques propre à l’Eglise catholique.
Charlotte (Karin Viard) est chancelière du diocèse de Paris. Rien dans sa carrière d’administratrice ne la préparait se transformer en investigatrice afin de protéger l’Église catholique d’un secret qui menacerait les piliers de son existence. C’est pourtant ce qui arrive, après le décès d’un prêtre reconnu et apprécié de sa paroisse. Partagée entre sa loyauté envers l’institution religieuse et sa volonté de faire la lumière sur cette étrange affaire, elle va mener une enquête durant laquelle des pans douloureux de son passé vont également resurgir.
Ce qui frappe d’emblée dans ce Magnificat, c’est la beauté de la composition des plans et de la lumière qui les baignent. Il y a un superbe travail sur le plan formel des images qui détonne pour ce genre de production et qui permet au film d’être immédiatement habité par une atmosphère intrigante, belle et mystique, happant immédiatement le spectateur. Le mystère autour du « secret » est entretenu pendant les 10 premières minutes du long-métrage et instaure dès les premiers instants une forme de suspense qui détonne par rapport aux enjeux et au personnages. Ces derniers sont admirablement interprétés par Karin Viard, François Berléand et Nicolas Cazalé, ce qui, ajouté au travail minutieux de la réalisatrice pour documenter au mieux le fonctionnement du diocèse, donne une véritable caution d’authenticité à cette histoire adaptée de faits réels. Enfin, malgré un contexte très catholico-chrétien, le film parvient à suffisamment universaliser son propos pour qu’il ne se réduise pas qu’à un manifeste sur la place des femmes adressé au clergé… Du moins pendant une première partie très réussie.
Lors du dernier acte, la rigueur du scénario s’étiole et le film tend à oublier son universalité, en resserrant sa problématiques autour des dogmes archaïques qui régissent le catholicisme, pour qui « l’ombre est le plus beau des refuges ». Pas sûr que chacun ne se sente concerné. Tel un bon prêtre, on pardonnera cet écart, tant la proposition de la bien nommée Virginie Sauveur propose un beau cinéma, ambitieux et généreux.