Magnolia est un film choral porté par une mise en scène, une distribution, une photographie et une musique épatantes. J´ai rapidement perçu que j´étais face à un grand film, où le rythme qui orchestre tous les éléments ne flanche jamais. Si je sors du film, c´est pour espérer que sa fin est encore lointaine. Ça m´a un peu rappellé l´énergie absorbante des histoires gargantuesques de Scorsese, type les Affranchis. Mais la palette des thèmes de Magnolia, et l´équilibre dans leur traitement vous absorbe dans plusieurs dimensions parallèles. L´amour, la mort, les regrets, l´argent, la famille, le succès, etc. Des classiques certes, mais animés par des personnages vibrants d´authenticité, un récit imprévisible et une technique assez magistrale. Et tout ça s´articule superbement. Par ailleurs, le film propose en sous-texte une critique assez acide et jubilatoire de la société capitaliste étasunienne.
Le sol bémol à mes yeux : l´utilisation de musique quasi permanente sur les deux premières heures, parfois carrément superposée à la musique diégétique. WTF la scène où W.H. Macy arrive dans le bar sur l´air de Supertramp joué à l´intérieur du bar, qui se superpose à la musique originale de Jon Brion comme une dread bien épaisse sur la soupe ? Quand la balance n´est pas faite, et quand les thèmes pesants sont ininterrompus, la pénibilité qui en résulte ne tape pas au bon endroit. Si le but est de créer une empathie pour les situations tendues et implosives des personnages, le moyen échoue parce qu´il rend le visionnage mécaniquement pénible à un certain degré. La mise en œuvre fait tâche sur une montage par ailleurs impeccable.
Heureusement, le reste de l´œuvre permet largement de faire ombrage à ce détail qui n´en est pas un. M´enfin ne faites pas l´erreur de vouloir écouter le film à travers un casque audio. J´ai fini par comprendre que ça n´allait pas être possible.